Futur du journal: les exécutifs appelés à revoir leur copie
Réformés est édité par une société (CER Médias Réformés SARL) financée par les Eglises genevoise, vaudoise, neuchâteloise et l’Arrondissement synodal Jura-Jura bernois. Un projet de restructuration issu de la SARL et porté par le Conseil exécutif de la Conférence des Eglises romandes (CER) a été refusé par l’Assemblée générale en novembre 2023. Un groupe de stratégie générale composé de conseillers synodaux d’Eglises membres a alors repris l’ouvrage pour présenter un nouveau projet qui nécessitait pour avancer l’adoption de trois décisions communes par les quatre organes délibérants.
Avoir un seul interlocuteur
Premier à s’exprimer, le Synode de l’Eglise neuchâteloise a suivi à l’unanimité le président du Conseil synodal, Yves Bourquin, qui estime que «le journal est de qualité mais sa structure empêche son évolution. On (la CER) aimerait qu’il y ait un seul interlocuteur, l’OPM, pour une plus grande efficience. Le deuxième enjeu est l’efficience financière. La CER s’engage à reprendre sa mission, celle d’un média qui fait un journalisme critique de théologie, mais pas forcément sous la forme d’un journal. Ce serait principalement une version numérique, avec moins de pages, six fois par an, qui essaiera d’atteindre l’équilibre financier».
Garanties demandées
A Genève, le projet de périodique de la CER a suscité la méfiance. «Le Conseil du Consistoire n’est pas contre la restructuration, mais sachant que ce sera un changement radical, il reste de nombreuses interrogations», a relevé la présidente de l’Eglise protestante, Chantal Eberlé. «Il y a la crainte que le passage de Réformés à la CER fasse courir le risque d’une disparition pure et simple du journal», a relevé Bernard Pagella, membre de l’exécutif, rappelant que plusieurs sondages avaient montré l’attachement des abonnés genevois au titre actuel. «On nous demande de voter sur un élément technique, la dissolution de la SARL, qui consiste à donner un blanc-seing à un projet inabouti», a souligné la pasteure Elisabeth Schenker. Finalement, le Consistoire (délibérant) a demandé à une large majorité à son exécutif d’obtenir de la CER des garanties quant à la continuité du titre et de reporter le vote.
Une décision «inapplicable»
Le délibérant du Synode de l’Arrondissement jurassien a aussi décidé de s’abstenir de voter sur le projet en l’état, jugé inabouti. Aucune voix en dehors de celle de l’exécutif ne s’est exprimée en faveur du projet de refonte du journal. Au contraire, plusieurs délégués ont interrogé la pertinence d’un périodique qui ne donnerait pas les nouvelles régionales de l’Eglise (suppression des agendas paroissiaux) et émis des doutes quant à la faisabilité du projet, citant le rapport de la Commission d’examen (Comex) de l’EERV. Raphaël Schaer, le président du Synode, a souligné que la décision de celui-ci serait de toute manière caduque dès la session du Synode vaudois puisque le Conseil synodal allait se rallier aux propositions de sa Comex. «C’est un coup de couteau dans le dos de la part des Vaudois, qui changent les règles du jeu. Anne Abruzzi (conseillère synodale vaudoise, NDLR) m’a confirmé qu’ils allaient accepter les modifications de la Comex pour ne pas perdre la face devant le Synode.»
Complément demandé
C’est donc bien par une promesse de ralliement du Conseil synodal aux propositions de la Comex et à son très sévère rapport que s’est ouverte la discussion au Synode vaudois. Les délégués ont adopté des décisions modifiées: le regroupement des différentes rédactions de la CER et de la SARL au sein d’une institution, sans préciser laquelle; que cette institution soit commune aux six Eglises de la CER; et que le Conseil synodal fournisse un rapport complémentaire faisant intervenir trois experts du financement des médias d’ici fin mars 2026.