Une communauté

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[pas de légende]

Une communauté

Paula Oppliger Mahfouf
24 décembre 2023
A quelles communautés se sent-on appartenir ? Une Plume d’Erguël de Paula Oppliger Mahfouf, catéchète professionnelle, parue dans la Feuille d’avis du district de Courtelary, le vendredi 22 décembre.

Elle t’appartient, elle te définit. Tu l’as créée, elle te convient. Ou pas. Elle est ton toi, tu es son nous et ça t’arrange de te fondre en elle.

Ta communauté. Elle te protège et tu en fais de même. Tu l’as perdue, elle t’a renié, tu en as retrouvé une meilleure. Ou pas.

Elle est famille, religion, pays, langue, couleur de peau, culture, identité, apparence, histoire commune, travail. Dans ce « nous », tu as grandi, appris à croire, à te comporter, à en connaître les codes, à savoir ce qu’il faut faire pour être bien vu. Ou pas.

Tu la suis aveuglément ou pas. Tu as mis de la distance entre elle et toi, depuis longtemps tu l’as fui pour ne plus jamais en faire partie. Tu t’es marié·e dans ta communauté, ainsi tu la perpétues à travers tes enfants car tu l’aimes. Elle est musique, chant, danse, symboles et rituels. Elle était costumes, patois, savoir-faire et gestes d’artisanat. Et gestes oubliés d’un quotidien.

Elle ressemble à une tribu car elle est dispersée, nomade, partout. A ton image, ouverte sur le monde. Virtuelle. Dans ta tête ?

Tu l’alimentes en y prenant part. Tu veux que nous en soyons fiers, qu’on la respecte et qu’on la prenne au sérieux car elle est menacée. Tu es prêt à mourir pour elle, mais de moins en moins. Elle n’est pas la mère-patrie, elle est bien plus que cela. Pas un idéal, pas grandiose, elle est ton berceau, ton socle, le fondement de ton identité.

Ta communauté ou devrais-je dire tes communautés ? Celle que tu rejoins en deux ou trois clics, celle que tu visitais gamine et qui n’existe plus, qui s’est disloquée ou a disparue. Celle dont tu ne connais même pas la langue et que tu n’arrives plus à comprendre.

Celle qui te dépasse car elle ne te représente pas ou pas suffisamment pour la revendiquer.

Noël approchant, je vous souhaite d’être réceptive, ouvert, curieux et curieuse des autres communautés. De celles des vieux et de celles des jeunes et des moins jeunes. De celles d’ici et de celles d’ailleurs. De celles qui parlent, sentent, entendent et pensent en plusieurs langues. De celles qui côtoient plusieurs pays, plusieurs religions, plusieurs spécificités, plusieurs éléments.

Je vous souhaite aussi de beaux voyages gustatifs dans d’autres contrées et loin des habitudes de nos papilles. Belles fêtes à vous !