Le Grand Temple, du brasier à la résurrection

Le chantier avant la construction de la charpente métallique qui soutiendra la toiture. / © SP Bibliothèque de la ville de La Chaux-de-Fonds
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Le chantier avant la construction de la charpente métallique qui soutiendra la toiture.
© SP Bibliothèque de la ville de La Chaux-de-Fonds

Le Grand Temple, du brasier à la résurrection

Histoire
La paroisse réformée de La Chaux-de-Fonds a célébré au mois de décembre dernier le centenaire de l’inauguration du Grand Temple reconstruit. Récit de l’incendie qui l’a dévasté en 1919 et d’un chantier mené avec une remarquable célérité.

Mercredi 16 juillet 1919. Vers 14h15, suspendu en bordure du toit du Grand Temple, un ferblantier s’emploie à souder un chéneau avec un chalumeau. Il s’aperçoit tout à coup que la flamme a mordu gravement une poutre. Effrayé, il demande de l’aide à un collègue. Leurs efforts sont vains.

A 14h30, l’organiste, qui se rend à son instrument, découvre que le feu se propage aux grandes poutres enchevêtrées. Il donne l’alerte. Des flammes énormes jaillissent bientôt de la toiture. A 14h45, les cloches de la tour sonnent le tocsin. Les pompiers tentent de circonscrire le sinistre.

Une foule de badauds assiste à ce spectacle terrifiant. Quand la poutraison incandescente s’effondre, à 15h25, le déplacement d’air est tel qu’il renverse des enfants postés près de la cure et projette sur la terrasse du temple les pompiers qui se trouvaient sur le seuil des portes.

Reconstruction décidée le soir même

Alors que les pompiers poursuivent leur labeur, le Collège des Anciens et les pasteurs se réunissent à 20h30. Le Collège décide à l’unanimité de travailler immédiatement à la reconstruction du temple.

Le 29 août, la Fondation du Temple national – dénomination de l’époque – décide d’ouvrir un concours d’idées pour rebâtir l’édifice. Une quinzaine d’architectes suisses y participent. Le 11 octobre, le jury adopte le programme du concours. L’échéance pour le dépôt des projets est fixée au 15 janvier 1920. Le 5 février, les architectes Karl Indermühle, René Chapallaz et Jean Emery se voient octroyer le mandat.

Le 24 juin, presque un an après l’incendie, le premier coup de pioche est donné. Le lendemain, en creusant le sol, les ouvriers découvrent des sépultures, des ossements admirablement bien conservés et même une chevelure de jeune fille avec son ruban.

La préparation de la charpente métallique du toit débute en août. La levure a lieu le 26 septembre. La construction de la galerie en béton armé commence le 14 octobre. En février 1921, cette galerie résistera à un essai de charge de 15 000 kilos répartie uniformément sur une longueur de 9 mètres.

Chantier ininterrompu

Peu à peu, le temple reprend son aspect d’autrefois. Les travaux se poursuivent sans interruption. Entre février et avril, les entrées latérales prennent forme; les fenêtres intérieures en chêne sont posées, les galandages formant la sacristie sont montés et les conduites d’électricité se multiplient sur toutes les parois.

Au printemps, les plâtriers exécutent la corniche supérieure à la base de la voûte. En mai, débute la pose des dallages en granit, l’empierrement et le bétonnage du fond. A cette même époque, la porte située dans le mur est de la façade voit le jour. S’ensuivent la pose des gradins de la galerie, les fondations de la chaire, le buffet de l’orgue, les planchers des galeries et de la nef. Le 15 octobre, la chaire, ses escaliers, la table de communion et les murs du fond sont parachevés ; les verrières et les bancs de chêne sont installés en grande partie. Le temple peut être inauguré.

La cérémonie se déroule le dimanche 4 décembre, à 14h. Les cloches de toutes les églises de la ville sonnent pendant un quart d’heure. Autorités et invités se forment en cortège, puis entrent solennellement, salués par le jeu de l’orgue. L’émotion est profonde, elle mêle reconnaissance et joie.