La cène revisitée

Photo de la série "Le Repas", autoportraits d’Olivier Christinat / ©Olivier Christinat
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Photo de la série "Le Repas", autoportraits d’Olivier Christinat
©Olivier Christinat

La cène revisitée

Épuré
Pour sa nouvelle édition du carême œcuménique, l’Esprit Sainf revisite cette année à Lausanne la notion d’hospitalité. Une série de photos d’Olivier Christinat interroge en particulier le dernier repas du Christ.

Ce sont de sobres clichés en noir et blanc, pris entre 1994 et 1996. A l’époque, le photographe Olivier Christinat lit assidûment certains passages de la Bible, dans différentes traductions, dont celle d’André Chouraqui. «Je ne suis pas croyant, mais issu d’une culture judéo-chrétienne. Je souhaitais interroger les rapports entre texte et illustrations. Et j’ai trouvé des passages suscitant des images très fortes dans la Genèse, l’Ancien Testament…» Un ouvrage regroupe toutes ses créations (Photographies apocryphes, Marval, 2000). C’est dans cette série que se retrouvent ses autoportraits autour de la cène, treize clichés aujourd’hui réexposés à Sainf, le temps du carême.

Dans chacune de ces œuvres, impossible de déceler qui est qui, de distinguer Judas, même s’il est effectivement figuré… «Je n’ai pas joué avec les symboles traditionnels attribués aux apôtres. J’avais plutôt envie d’interroger ce moment de manière plus intime. Si l’on se retrouvait confronté à une situation de ce genre aujourd’hui, si l’on appartenait à un groupe de personnes menacées, quelles pourraient être nos attitudes?» On peut donc lire la peur, l’évitement par le sommeil, ou la fuite à travers la nourriture… Des postures éloquentes, profondément humaines. Et l’hospitalité dans tout ça? «Elle est bien présente. Mais ici, la bonne chère ne constitue pas l’élément principal, quoique dans les moments difficiles la présence de pain et de vin peut s’avérer fondamentale!»

L’accueil, c’est aussi celui de L’Esprit Sainf, qui poursuit ici son fructueux dialogue avec les artistes. «L’Eglise protestante a été iconoclaste. Elle s’est aujourd’hui réconciliée avec l’image et c’est une bonne chose», estime Olivier Christinat, qui échange souvent avec des théologiens autour de son travail. Son dialogue photographique se poursuit désormais avec le texte biblique. «Dans le protestantisme, comme dans le judaïsme, l’essentiel est dans le verbe. Les images peuvent mentir énormément… Quelquefois, les mots aussi!»

L’hospitalité à Sainf

Mercredi 14 février, vernissage de la série Le Repas, autoportraits d’Olivier Christinat, visible jusqu’au 1 er avril.

Samedi 24 février après la messe de 18h à Sainf, temps convivial et table ronde sur «l’hospitalité dans l’œcuménisme», avec Blaise Menu, pasteur et auteur, et Anne Deshusses, assistante pastorale et animatrice à l’Atelier œcuménique de Genève.

Jeudi 14 mars, à 19h, conférence de Christine Pedotti, journaliste, essayiste, autrice, directrice du magazine catholique Témoignage Chrétien.