L’Église réformée vaudoise prend son virage

Image d'illustration / © iStock Patcharin Saenlakon
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L’Église réformée vaudoise prend son virage

10 mars 2020
Pour assurer l’avenir et entamer un diagnostic, l’organe délibérant de l’Église réformée vaudoise a accepté le report de la répartition des dotations au mois de juin 2021, proposé par son exécutif.

La session du synode de l’Église réformée vaudoise (organe délibérant) a pris des allures de «grand débat», les 6 et 7 mars à Crêt-Bérard. La cause? Alors qu’il devait présenter les tant attendus programme de législature et clé de répartition des forces de travail pour 2020-2025, le Conseil synodal (exécutif) a d’entrée de jeu annoncer la couleur: plutôt qu’imposer sa vision de l’Église, il préfère la chercher auprès de celles et ceux qui la forment, en tenant compte des réalités du terrain. L’exécutif a pris un risque qui a payé. Face à la volonté de changer de cap exprimée par le capitaine, l’équipage a exprimé son large soutien.

Vers une vision commune

Sous l’étendard «évangéliser, construire, relier», le Conseil synodal a tout de même dévoilé certains de ses souhaits pour l’Église réformée vaudoise (EERV), parmi lesquels la prise en compte «en son cœur» de la société. La mission de l’EERV, si elle l’accepte, consiste donc à «ouvrir à la dimension spirituelle de l’existence, valoriser les relations dans un esprit pluraliste, offrir des gestes et des symboles, et interroger et parler des façons de faire corps avec la Création».

S’appuyant sur ce socle, les délégués au synode ont travaillé en atelier et en petits groupes pour échanger et passer au crible les présences et activités d’Église à maintenir, renouveler, créer ou tout simplement supprimer. Il s’agissait notamment de se pencher sur la question des jeunes enfants et des familles, du bénévolat et de la transition écologique. «Je suis reconnaissant envers le Conseil synodal de reconnaître la situation dans laquelle l’Église se trouve et de faire face à notre problème qui est notre manière d’être au monde. Il est temps de sortir d’un système qui nous rend fou», a avoué le délégué Jean-François Ramelet.

En toile de fond, en effet, un contexte compliqué, identifié par l’exécutif dès son entrée en fonction en septembre, dont «les situations conflictuelles, le climat de travail dégradé, la dimension opérationnelle disproportionnée et l’épuisement» font partie.

Répartir les forces

Les prémisses du diagnostic de l’EERV se sont entamés à Crêt-Bérard. Le travail sera poursuivi par différents groupes durant les mois à venir. Derrière cette grande concertation, l’objectif reste de pouvoir construire une vision commune dont découlerait finalement une clé de répartition des postes.

En effet, tous les cinq ans, il revient au Conseil synodal de se prononcer sur la répartition des ressources humaines selon cinq enveloppes (régions et paroisses, services et offices cantonaux, employés, missions communes avec l’Église catholique et le Conseil synodal), qui dépend en grande partie de la subvention allouée par l’État à l’EERV. Pour la période 2020-2025, il est prévu que la subvention baisse d’environ 15 postes, en vertu d’un rééquilibrage de la répartition de la subvention cantonale avec l’Église catholique. Ainsi, l’EERV doit passer entre 2018 et 2025 de 220 à 204,3 équivalents plein temps (EPT).

Le précédent Conseil synodal avait proposé trois scénari qui n’avait pas convaincu le synode. Ce dernier avait remis la patate chaude dans les mains d’un groupe de travail en attendant la nouvelle législature.

On y est. Mais la clé attendra encore un an. Le synode a accepté, la proposition de l’exécutif de repousser en juin 2021 la répartition des dotations. Le Conseil synodal présentera un rapport à la session de juin 2020 qui comprendra un état des lieux de l’EERV, sa vision et un dispositif d’accompagnement pour les situations problématiques.

En finir avec l’EPT

Pourquoi cette patience? Parce que le Conseil synodal refuse de réduire les affectations de postes à un calcul d’épicier. «Je ne ferai pas ce travail de répartition, ça serait malhonnête. Il faut actualiser les besoins et les choix, nous devons aller à la pêche aux infos et ça va nous prendre des plombes!», s’est exclamé le conseiller synodal Perry Fleury. «Lorsqu’on parle d’EPT, on parle de quoi? Un EPT correspond à un 100%. Une personne coûte en moyenne 149'280 fr. Mais si un poste équivaut à une unité de subventionnement, par qui est-il occupé, avec quelles compétences et pour quelles tâches doit-il être pourvu? Un EPT ne veut rien dire!», a-t-il ajouté.

«Enfin, on met le doigt sur notre problème avec les EPT! Travailler par projet et non plus par poste, c’est un appel à un changement de culture», a affirmé la déléguée Florence Clerc Aegerter. L’état des lieux prendra du temps, les délégués sont unanimes, même si des craintes sont exprimées. «Entre-temps, on pourrait déjà faire ce qu’on peut, comme engager les laïcs dont on a besoin», a ajouté le délégué Michel Henri.

«On ne peut pas penser l’Église avec des fichiers Excel. Il ne faut pas se bloquer là-dessus alors que ça n’est pas réaliste. Si nous ne sommes pas prêts à cette souplesse, nous allons retrouver un Conseil synodal dans deux ans, accusé par le synode de ne pas avoir appliqué ce qui figure sur le tableau Excel. Il faut se donner les moyens de nos espérances», a résumé le délégué Dimitri Andronicos, talonné par son collègue Julian Woodford: «Faut-il faire confiance à nos sept conseillers synodaux?  Ma réponse est oui.». L’assemblée l’a suivi avec trois abstentions et aucune opposition.

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