Une Eglise à hauteur d’enfants

Les enfants se posent des questions. À nous de les écouter. / ©iStock/ArtMarie
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Les enfants se posent des questions. À nous de les écouter.
©iStock/ArtMarie

Une Eglise à hauteur d’enfants

Catherine Abrecht, diacre
6 mai 2022
Jeunesse
En présentant les enfants comme des disciples modèles, Jésus nous interroge: En quoi les enfants peuvent-ils nous inspirer dans le domaine spirituel?

La spiritualité de l’enfant s’est considérablement renouvelée ces dernières années. Le postulat est simple: nous sommes tous des théologiens! Affirmer cela d’un enfant, c’est dire qu’un théologien est une personne qui se pose des questions fondamentales: «D’où venons-nous? Où allons-nous? Qu’est-ce que le Bien, le Mal?» L’enfant se pose ces questions. Il a des représentations sur Dieu, réfléchit et, parfois, est davantage disposé que les adultes à croire au divin et à l’inconditionnel.

Admettre la spiritualité de l’enfant, c’est donner de la valeur à sa parole. Il s’agit d’écouter ce qu’il nous dit de son monde qui n’est pas de ce monde. De par sa compréhension du mystère, l’enfant nous ouvre à une dimension que l’adulte a parfois oubliée. Les jeunes oreilles de l’enfant n’opèrent pas encore de tri, ne créent pas de hiérarchie dans sa compréhension du monde. Son discours se fonde sur l’expérience, avec peu de bases relationnelles, mais en revanche beaucoup d’imagination.

Mettre l’enfant au centre de la démarche pédagogique, c’est aussi, de manière très concrète, lui offrir un lieu pensé et réservé pour lui. L’Eglise protestante de Genève a été pionnière en la matière en créant l’Eglise des enfants: un lieu qui leur est totalement dédié. A l’Auditoire Calvin, les espaces d’accueil – et dans la mesure du possible le mobilier – sont adaptés à leur taille et à leurs besoins. Les rencontres intergénérationnelles se donnent à voir et à entendre selon un déroulement toujours identique qui favorise l’intégration. L’adulte se met à l’écoute et prend soin de ce que l’enfant peut ressentir dans ses émotions et son corps. Les éléments de la Bible lui sont transmis pour l’aider à avancer dans sa réflexion. Les réponses des enfants sont toujours accueillies comme des offres de sens alternatives et non pas comme des vérités immuables. La rencontre entre les adultes et les enfants se vit dès lors comme un temps de partage et de découvertes mutuelles.

Parmi les concepts catéchétiques qui favorisent «l’enfant théologien», une méthode rencontre beaucoup de succès. Il s’agit de la méthode Godly Play, créée par Jérome W. Berryman. Elle est une invitation à jouer avec le langage de Dieu et le peuple de Dieu au travers des histoires sacrées, des paraboles et des actions liturgiques. Elle fait la part belle au silence et la créativité pour introduire au mystère de Dieu.

Dans notre vie de foi, nous avons tous fait cette expérience que les autres nous apportent, si l’on prend la peine de les écouter, un partage inattendu. Il en va de même avec les enfants. Affirmer que l’enfant est lui aussi théologien, c’est peut-être tout simplement se mettre à son écoute pour mettre en pratique sa propre conviction qu’un texte biblique est une parole vivante.

Pour aller plus loin

«Les enfants, portiers du royaume», Carole Baretschi-Lopez, éd. Cabédita, 2017,

eglise-des-enfants.ch

godlyplay.ch