Les chars et les cavaliers… Et les poissons?

Les chars et les cavaliers… Et les poissons? / © Mathieu Paillard
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Les chars et les cavaliers… Et les poissons?
© Mathieu Paillard

Les chars et les cavaliers… Et les poissons?

Rodolphe Nozière
31 mai 2022
Conte
Paul et Sarah sont de retour du culte de l’enfance. Ils ont parlé de la fuite d’Egypte par la mer Rouge.

Les deux enfants ont été impressionnés par cette histoire et, sur le chemin du retour, Paul s’interroge. Bien que la monitrice ait raconté l’histoire avec beaucoup de détails et lu des extraits, l’explication qui suivait a laissé Paul perplexe.

Si les nombreux phénomènes extraordinaires de l’histoire ont capté l’attention des enfants, Paul se demande pourquoi autant de violence de la part de Dieu?

«Le peuple d’Israël, alors en esclavage en Egypte, s’échappe du pays sous la conduite de Moïse. Celui-ci mène son peuple dans le désert. Le pharaon et son armée les poursuivent pour les ramener en Egypte.

Dans le désert, Egyptiens et Israélites ne sont plus très loin les uns des autres. Une nuée de ténèbres et de lumière se met entre eux et, dans la nuit, le souffle de Dieu écarte les eaux pour que Moïse et son peuple puissent s’échapper. Dieu rend le pharaon et son armée encore plus violents: ils se lancent à la poursuite de leurs esclaves.

Dieu rend les chars et les chevaux des Egyptiens de plus en plus difciles à conduire. C’est la panique!

Pendant ce temps, Moïse fait traverser la mer à son peuple, qui défile entre de hautes murailles d’eau à sa gauche et à sa droite. Arrivé de l’autre côté, il étend les bras en direction des Egyptiens et la mer reprend sa place: les vagues emportent et engloutissent l’armée du pharaon.»

En rentrant à la maison, Paul raconte à ses parents l’épisode de cette traversée merveilleuse de la mer. Ses parents connaissent eux aussi ce récit de la Bible.

Sarah, sa petite sœur, se demande ce qui est arrivé aux poissons pendant que la mer était coupée en deux, et comment le fond de la mer a pu sécher en si peu de temps: «Il devait bien rester un peu de boue?» demande-t-elle. «C’est peut-être pour cela que les chars et les chevaux de Pharaon ne pouvaient plus avancer…»

La maman sourit en écoutant Sarah. Elle se rend compte que Paul est encore en train de réfléchir. Pas au sujet des poissons…

«Qu’y-a-t-il, Paul, tu sembles soucieux?

– Oui, je ne comprends pas pourquoi il y a autant de violence dans cette histoire. Dieu aurait pu faire comprendre aux Egyptiens qu’il fallait laisser Moïse et son peuple partir, au lieu de rendre le pharaon encore plus méchant. Pourquoi a-t-il noyé toute l’armée? Pourquoi n’a-t-il pas demandé aux anges des nuées de rester pour retarder le pharaon et l’empêcher d’avancer dans la mer?

– Ce sont des questions compliquées que tu te poses, mais ces questions sont utiles. Bien avant toi, et comme toi, les Israélites se sont posé de grandes questions. Rappelle-toi, certains préféraient rester esclaves en Egypte plutôt que d’être en danger dans le désert avec Moïse.

Quant à la violence dans cette histoire, un commentaire de la Bible raconte que, lorsque Moïse et son peuple sont arrivés de l’autre côté de la mer, ils ont chanté avec les anges pour remercier Dieu de les avoir sauvés. Mais Dieu, lui, ne participa pas à cette fête: il pleurait la mort des Egyptiens qu’il avait malheureusement noyés pour sauver Israël.»

Paul écoute avec attention sa maman puis lui dit: «Quelle situation injuste! Même si Dieu agissait autrement, cette histoire se serait terminée par des morts. Il n’y a pas vraiment de fn heureuse alors?

– Oui, c’est un peu ça. La guerre contre le pharaon a permis à Moïse de fuir avec son peuple: c’est l’événement le plus important de cet épisode. Mais il n’y a pas de guerre juste, rien ne la justife. Elle arrive et l’on n’y peut souvent rien.»