Peut-on encore parler de paix entre Israël et la Palestine?

Le dernier film de Barbara Miller illustre l'approche des ONG qui cherchent de nouvelles voies de dialogue entre Israéliens et Palestiniens.. / © Barbara Miller
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Le dernier film de Barbara Miller illustre l'approche des ONG qui cherchent de nouvelles voies de dialogue entre Israéliens et Palestiniens..
© Barbara Miller

Peut-on encore parler de paix entre Israël et la Palestine?

Déconstruction
D’autres conflits éclipsent l’affrontement israélo-palestinien. Mais celui-ci se poursuit. Sur place, des ONG comme l’EPER cherchent de nouvelles voies de dialogue. Un film de Barbara Miller illustre cette approche.

L’Israélien Michael Kaminer est cinéaste et vit dans un kibboutz construit en 1948 sur les ruines d’un village palestinien. Sur la suggestion de Zochrot, une organisation israélienne partenaire de l’EPER, il entreprend une quête sur les traces de l’histoire occultée de son kibboutz. Dans des camps de réfugiés palestiniens, il recherche des personnes qui vivaient là où se trouve aujourd’hui sa maison. Avec courage, il confronte ouvertement sa communauté à cette histoire passée et taboue. Une histoire qui fait partie de la construction d’Israël et continue à alimenter le conflit aujourd’hui. Cette démarche de déconstruction et de remise en question courageuse est au coeur du film Deux rêves – Une histoire de village israélo-palestinien, réalisé par Barbara Miller (à qui l’on doit déjà le très remarqué Female Pleasure) et disponible auprès de l’EPER. Explications avec Dieter Wüthrich, responsable communication de l’EPER.

Est-il encore possible d’observer quelque chose de novateur dans un conflit aussi ancré?

La paix n’est pas en vue: des deux côtés, les fronts se sont durcis, les lieux de rencontres où un dialogue constructif et ouvert pourrait être mené sont en voie de disparition. Michael Kaminer est convaincu qu’une réconciliation entre Israéliens et Palestiniens ne sera possible que si les deux parties sont prêtes à se confronter aux souffrances endurées et aux rêves de l’autre. Nous plaçons cette démarche au premier plan de notre campagne annuelle, parce que c’est une ONG partenaire de l’EPER, Zochrot, qui a inspiré la démarche de Michael Kaminer. Zochrot ouvre une nouvelle voie dans le traitement des conflits: son but est d’ouvrir des discussions sur des sujets largement tabous dans la société israélienne (droit au retour des réfugiés palestiniens, expulsions passées). Car, pour qu’une rencontre d’égal à égal puisse avoir lieu dans ce conflit, il est tout à fait central que ces thèmes soient abordés ouvertement.

Comment l’EPER soutient-elle cette approche?

L’EPER est active en Israël/Palestine depuis 2002/2003. Nous renforçons les acteurs de la société civile qui s’engagent par des moyens non violents pour surmonter les conf lits existants. Par exemple au travers du projet «Open Forum», plateforme d’échange et espace protégé pour les organisations de la société civile des deux parties engagées pour la justice et la paix. L’EPER soutient aussi la population civile palestinienne touchée par le conf lit, par exemple des villages et des communautés dont l’accès à la terre est limité ou qui sont menacés d’expropriation ou de destruction de leur habitat. Cela se fait, entre autres, en lien avec les observateurs internationaux des droits de l’homme du Programme oecuménique d’accompagnement (EAPPI).

Est-ce compliqué pour l’EPER ou des organisations pour la paix de travailler sur place?

La marge de manoeuvre est limitée depuis un certain temps pour les ONG, tant en Israël que dans les territoires palestiniens: obstacles administratifs, criminalisation de certaines organisations, campagnes de dénigrement en ligne… Cela provoque une forte insécurité pour toutes les ONG. Echanger sur cette situation et développer des stratégies d’action communes est actuellement un grand besoin des organisations partenaires de l’EPER.