Aller au contenu principal
©Mathieu Paillard
i
©Mathieu Paillard

Chaque Matin

Conte
Chaque matin, Grumpy, vieux gnome solitaire, ouvrait ses volets sur la forêt familière qui l'entourait, où rythmes et paysages restaient immuables au fil des saisons. Habitué à sa vie paisible et à ses routines, il semblait s’être résigné à la solitude, délaissant les fêtes du village et les invitations des elfes, préférant le calme de son quotidien. Mais un incident imprévu brisera cette quiétude, révélant que, même dans l’isolement, la forêt et ses habitants veillent sur lui.

Comme chaque matin depuis des années, Grumpy, le vieux gnome, ouvrit ses volets pour observer la forêt autour de sa maison: les mêmes arbres, plus ou moins feuillus selon les saisons, le même sentier pour rejoindre le village le plus proche… «Rien de bien différent d’un jour à l’autre, et toujours ce même endroi tconfortable», se disait-il.

Grumpy vivait là seul, depuis des années, avec ses petites habitudes, ses choses à faire chaque jour et chaque saison: le jardin à préparer au printemps, le blé de son petit champ à ramasser en été, les provisions de bois et de légumes à réaliser en automne, et rester bien au chaud en hiver… Il était loin, le temps où Grumpy descendaitau village faire la fête avec les autres gnomes. Beaucoup de ses amis avaient quitté les environs.

Les animaux de la forêt passaient pourtant régulièrement près de sa maison. Parfois, des bûcherons nains le saluaient de joyeux signes de la main et Grumpy répondait d’un simple hochement de tête. Il n’était pas antipathique, mais les bruyants nains étaient peut-être trop agités pour lui… Il recevait des lettres des elfes de la forêt voisine l’invitant pour la fête du printemps ou des récoltes, mais Grumpy ne s’y rendait pas: «A quoi bon, se disait-il. Que pourrais-je bien raconter à ces elfes, moi le vieux gnome, alors qu’ils vivent des aventures tellement extraordinaires?» Ainsi, Grumpy se plaisait dans cette solitude qui ne bousculait pas ses vieilles habitudes.

Les saluts des nains devinrent moins réguliers, les invitations des elfes arrivèrent de moins en moins souvent dans sa boîte aux lettres. Ce matin-là, l’air était frais dans la forêt, l’automne bien installé et les feuilles multicolores étaient désormais plus nombreuses sur le sol froid et mouillé que sur les arbres. «Il est temps de ramasser les derniers légumes du jardin», pensa Grumpy. Il s’emmitoufla dans un grand manteau, noua une très longue écharpe autour de son cou.

Les feuilles mortes envahissaient la petite allée menant au potager. Les légumes dans son vieux panier étaient bien lourds et cette écharpe était trop chaude et trop longue. Grumpy n’était pas à son aise. Voulant dénouer un peu son écharpe il ne prit pas garde et, emporté par le poids du panier, glissa puis tomba dans les feuilles humides… Impossible de se relever… «Me voilà bien embêté… J’ai horriblement mal à la cheville et au bras. Je ne peux pas me relever.» Le froid se fit plus mordant et Grumpy dû se traîner sur le sol pour atteindre sa maison. Cela lui prit longtemps et il se lamenta de se trouver ainsi diminué, sans personne pour lui venir en aide.

Grumpy ne pouvait pas se tenir debout, vaquer à ses occupations, entretenir le feu dans sa cheminée. «Fichue solitude…» Et il versa de grosses larmes de tristesse… Tout à coup, quelqu’un frappa à la porte… Grumpy ne savait que faire, puisse rendant compte qu’il ne pourrait ni aller ouvrir ni rester ainsi seul, il appela au secours. La porte s’ouvrit et deux vieux gnomes entrèrent, s’exclamant: «Vieil ami, que t’arrive-t-il? – Mes amis, mais comment êtes-vous arrivés chez moi? Qui vous a prévenus? – Vieux grognon, même si tu vis seul, les animaux de la forêt veillent sur toi, et la nouvelle de ton accident nous est parvenue au village. Nous t’y emmenons.– Mais je ne peux plus bouger!» répondit Grumpy… Entrèrent alors deux grands elfes qui le portèrent à l’extérieur jusqu’au traîneau…