Le religieux y avoue également qu'il a eu lui-même des relations sexuelles. Dans un très court passage de dix lignes, l'abbé Pierre se livre à des confidences très intimes. "Il m'est arrivé d'y céder [à la force du désir] de manière passagère. Mais je n'ai jamais eu de liaison régulière car je n'ai pas laissé le désir sexuel prendre racine. Cela m'aurait conduit à vivre une relation durable avec une femme, ce qui était contraire à mon choix de vie", explique-t-il. A 93 ans, le fondateur des communautés d'Emmaüs s'affiche aussi à contre-courant des positions de l'Eglise catholique romaine, rappelées lors du dernier synode des évêques. Il est notamment favorable à l'abolition de la règle obligatoire du célibat pour les prêtres et ne voit aucun obstacle théologique à l'ordination des femmes. S'étant déjà exprimé sur ces questions devant des organisations homosexuelles, le religieux n'est pas non plus opposé à des formes d'unions légales pour les couples gays. Cependant, il préfère le terme d'"alliance" à celui de mariage. Pendant de longues années, l'abbé Pierre a eu comme secrétaire particulier le père Jacques Perotti qui fut l'un des fondateurs de l'association chrétienne homosexuelle, "David et Jonathan". "En fait, si l'abbé Pierre est novateur sur les questions de moeurs et de société, c'est quelqu'un de très classique dans le contenu de sa foi. Il est, par exemple, très attaché à l'adoration eucharistique", explique le sociologue Frédéric Lenoir, directeur du magazine Le Monde des religions qui a écrit ce livre avec le religieux.