Christianisme et politique: un mélange qui dérange

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Christianisme et politique: un mélange qui dérange
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Christianisme et politique: un mélange qui dérange

Responsabilité
Les chrétiennes et chrétiens sont-ils trop présents dans le débat politique… ou pas assez? La question a récemment fait discuter. Elle sera au centre d’un débat sur l’écologie, animé par Réformés. Ce sera fin août, au cours du festival Alternatiba Léman.

Très relayée au sein des Eglises chrétiennes, l’initiative «Pour des multinationales responsables», défendue notamment par l’ONG Pain pour le prochain (PPP), a cristallisé les débats, sur l’implication des Eglises dans le champ politique à l’automne dernier. Cinq recours avaient d’ailleurs été déposés auprès du Tribunal fédéral, par les jeunes libéraux-radicaux des cantons de Berne, d’Argovie, de Saint-Gall et de Thurgovie. Ils considéraient qu’en tant qu’institutions de droit public, les Eglises sont tenues de maintenir une neutralité politique. Estimant ces recours sans objet, le Tribunal fédéral ne s’est pas prononcé sur le fond du sujet. Laissant ainsi planer un vrai doute sur la latitude laissée aux institutions religieuses pour s’engager politiquement. Hasard ou conséquence, PPP a choisi prudemment de ne pas faire campagne contre les deux initiatives anti-pesticides qui ont divisé la population le mois passé et que l’ONG jugeait «imparfaites».

Pourtant, les Eglises catholiques comme protestantes connaissent une longue tradition d’engagement politique, qui dépasse le combat contre l’apartheid en Afrique du Sud avec Desmond Tutu, ou contre la ségrégation avec Martin Luther King aux Etats-Unis. En Europe, les Eglises ont été pionnières de la lutte contre l’alcoolisme, la pauvreté, le travail des enfants…

Et aujourd’hui l’écologie est bien un enjeu politique majeur. Depuis le fulgurant Laudato si' (2015), le sujet est revenu avec fracas au premier plan de la vie ecclésiale chrétienne. L’Eglise protestante suisse (EERS) s’est d’ailleurs positionnée très clairement en faveur de la loi CO2 . Si les institutions franchissent le pas, nombre de chrétiennes et de chrétiens hésitent à s’engager. Certes, le christianisme social a connu un âge d’or après guerre, mais le contexte actuel est très différent. C’est ce que Réformés tentera de décrypter lors d’un débat spécial (voir encadré). 

Alternatiba Léman

C’est le 6 octobre 2013 à Bayonne (France), après la publication du volet I du 5e rapport du GIEC (Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat), que se sont retrouvés les premier·e·s participant·e·s au festival Alternatiba. L’idée était alors de réunir un large public autour de solutions concrètes et accessibles pour la transition climatique: économie locale, agriculture paysanne, économie d’énergie… Huit ans plus tard, ce mouvement citoyen a essaimé sur tout le continent, et une coordination européenne s’est mise en place avec l’aide de l’antenne genevoise, qui a développé son propre festival, Alternatiba Léman, depuis 2015. Son ambition est de réunir et de visibiliser toutes les initiatives locales pour la transition climatique. Au-delà de la durabilité, ce rendez-vous est axé autour d’un autre principe: la solidarité.

Infos: www.alternatibaleman.org

Infos pratiques

Christianisme et engagement écologique: trop ou pas assez? Discussion entre Kévin Buton Maquet, membre d’ATC (Association du témoignage chrétien), et Yvan Maillard Ardenti, responsable du programme Justice climatique pour l’ONG Pain pour le prochain, modéré par Camille Andres, journaliste chez Réformés.

  • 7e festival Alternatiba Léman, Transition Climat, du 30 août au 4 septembre à Genève (Parc des Bastions et Uni Mail).
  • Débat lundi 30 août 18h30. Lieu sous www.alternatibaleman.org.