Rosette Poletti: "l'important est de se mettre en contact avec Dieu, non de le définir"

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Rosette Poletti
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Rosette Poletti: "l'important est de se mettre en contact avec Dieu, non de le définir"

Rencontre
Rosette Poletti est conférencière, chroniqueuse, écrivaine et présidente de l'association "Vivre son deuil Suisse". Elle se livre au jeu des questions.

Où vous sentez-vous le plus vous-même ?

Je suis une bourlingueuse: dix ans aux USA, des années en Inde et en Angleterre. Je me sens bien partout. Mais j’ai une préférence pour les beaux coins fleuris et harmonieux.

Votre souhait le plus cher?

Donner plus d’importance à la compassion dans les relations humaines.

La même compassion qui est au cœur de votre dernier ouvrage récemment sorti en librairie?

En effet ! «Apprendre à danser sous la pluie plutôt que d’attendre la fin de l’orage», comme dit Sénèque. Ce livre parle des personnes proches aidantes.

Bientôt un ouvrage sur Dieu?

Oh que non ! Dieu est inconnaissable. Il se révèle de façon différente à chacun. L’important est de se mettre en condition pour être en contact avec lui et non de le définir.

Entre croire ou ne pas croire, où vous situez-vous?

Je crois, simplement. Ma croyance est ouverte. Je suis à un moment de ma vie où je recherche l’adoration et le silence dans des lieux qui puissent me les offrir.

Une rencontre déterminante dans votre parcours de vie?

Ma rencontre littéraire avec les travaux d’Anthony De Mello (1931-1987). Un jésuite philosophe, psychologue et théologien qui m’a fantastiquement ouvert l’esprit. Ses écrits ont suscité en moi l’envie de lire, d’écouter des conférences, de vivre des retraites et un appétit certain pour la théologie.

Le combat dont vous êtes la plus fière ?

Mon combat dans le cadre des soins de santé pour la formation des soignants. Je suis fière d’avoir fait partie de l’équipe des pionniers qui ont promu une formation plus pointue des infirmières et infirmiers en psychiatrie et dans les soins palliatifs.

Quelle place pour la mort dans notre société ?

Elle sort de l’ombre depuis les années 2000. Longtemps cachée, elle s’exprime enfin au sein de groupes de dialogue, d’association, de cafés-deuil.

Et le deuil ?

Un deuil est une amputation émotionnelle liée à la personne défunte. Le temps et certaines conditions sont nécessaires à sa cicatrisation. Les sociétés protestantes ont peu de rituels. Je le déplore ! Le défunt est enterré et voilà ! De nombreux endeuillés subissent le manque de rites. Dans le cadre de notre association «Vivre son deuil Suisse», nous avons créé des services du souvenir, par ailleurs très courus dans les cantons protestants.

Bio express

Rosette Poletti, 80 ans, est conférencière, chroniqueuse, écrivaine et présidente de l’association «Vivre son deuil Suisse». Elle est titulaire de deux maîtrises en soins infirmiers, d’un diplôme en théologie de l’université de Genève et d’un doctorat en sciences de l’éducation de l’université Columbia à New York.

Soutien aux endeuillés

Rosette Poletti a créé en 1998 l’association « Vivre son deuil Suisse », qui apporte de l’aide aux personnes en situation de deuil, par des conférences, des séminaires et des cafés-deuil. www.vivresondeuil-suisse.ch.

Elle donnera une conférence le 17 janvier, à 20h, rue des Charpentiers 3, Morges, sur le thème « Qu'est- ce que mourir?». Entrée libre.