«Passer à autre chose s’il le faut»

Diego De Mauri / ©JoB
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Diego De Mauri
©JoB

«Passer à autre chose s’il le faut»

Création
Le Lausannois Diego De Mauri invente des univers géométriques et colorés. Il lui faut des mois pour terminer une fresque.

«C’est l’architecture qui m’inspire le plus. Et les machines de chantier», explique Diego De Mauri. Le Lausannois imagine, au stylo fin de dessinateur-architecte, d’immenses fresques représentant des paysages – chalets d’alpage ou immeubles – avec des grues et autres engins, le tout paré de motifs géométriques répétés et colorés. «Je ne copie jamais. D’abord, je vois dans ma tête l’image et je marque mes repères au crayon papier. Cela prend beaucoup de temps», explique l’artiste vivant avec un handicap.

«Après, je réfléchis aux couleurs. C’est pour cette tâche qu’il faut être le plus concentré», poursuit le bientôt sexagénaire, intarissable sur les difficultés rencontrées sur telle ou telle œuvre: «Celui-là, il revient de loin, j’avais fait une tache, mais j’ai collé un papier.» Une correction invisible à l’œil nu tant elle s’intègre dans les lignes de la structure, et à peine perceptible au toucher.

Plusieurs des œuvres hypnotiques de Diego ont été exposées à Lausanne, au musée de l’Art brut, notamment lors de l’exposition «Architecture» en 2015, ainsi qu’à Paris.

«Je ne travaille que le week-end, la semaine j’ai mon travail», précise-t-il. Il travaille, en effet, aux ateliers de cartonnage de la Fondation Polyval, visant à l’intégration. Et quand on lui demande si sa main obéit toujours et si le résultat correspond systématiquement à ce qu’il a en tête, il dévoile son secret: «J’ai toujours plusieurs dessins en cours. Quand ça ne va pas avec un, je me concentre sur un autre. Ils sont à différentes étapes. Et puis, si ça ne va vraiment pas, je passe à autre chose.» Diego est, en effet, également passionné de danse country et de westerns.

Participant aux activités de la communauté œcuménique vaudoise de L’Etincelle, il a été invité par une aumônière à réaliser un dessin de crèche. Une œuvre reproduite sur la carte de vœux de fin d’année en 2019. «Faire les personnages, c’était un vrai défi. Dessiner des personnages, je n’ai pas l’habitude. Alors, on a regardé sur internet», dévoile-t-il.

Interrogé sur la visibilité de ses œuvres, Diego De Mauri se réjouit tout d’abord qu’on lui en prenne certaines: «Cela fait de la place parce que je commence à en avoir beaucoup!» Mais il reconnaît ensuite: «Et puis ça me rend fier, parce que tout cela, je l’ai pensé dans ma tête, je ne l’ai pas copié.»

Retrouvez les œuvres de Diego De Mauri à la Collection de l’art brut sur www.re.fo/diego.