Un récit bouleversant
«Je m’appelle Maryna Tuchka, et voici mon histoire: comment je suis arrivée ici, en Suisse, dans la Vallée de Joux, et devant vous.
Ma famille et moi, nous sommes ukrainiens, originaires de la ville de Boutcha. Nous avons toujours aimé notre pays, et nous l’aimons encore profondément. Nous y avons mis notre cœur et notre travail pour le faire grandir. Nous avions deux jardins d’enfants privés et un camp pour enfants. Notre philosophie était fondée sur le respect, la compréhension et la foi en chaque enfant. Mon mari et moi élevons trois enfants. Nous avions une maison construite de ses propres mains, et nous avons toujours essayé de vivre honnêtement, le cœur ouvert aux autres, sans rien attendre en retour.
Mais, comme il est écrit dans les Ecritures: «Vous aurez des tribulations dans le monde; mais prenez courage, j’ai vaincu le monde.» (Jean 16:33). Alors que nous commencions à ressentir une certaine stabilité dans nos affaires, la pandémie de COVID-19 a frappé et détruit nos entreprises. Nous n’avons pas abandonné. Nous avons recommencé, pas à pas, avec foi dans nos cœurs. Et quand enfin notre camp est devenu l’un des meilleurs en Ukraine, que nous avions déjà payé la location des hôtels – dans les Carpates, près de Kyiv, et en Bulgarie –, nous avions le sentiment que tout réussissait. Notre troisième enfant, une petite fille, venait de naître. Et la guerre a commencé.
Oui, il y avait des nouvelles disant qu’il fallait s’y préparer, qu’il fallait se tenir prêts à partir, à être prêts moralement. Mais comment y croire? C’est le pire qui puisse arriver. Pourquoi la Russie ferait-elle cela? Ni notre pays, ni nous, n’avions rien fait de mal à la Russie. Nous, les Ukrainiens, vivions simplement notre vie, développant notre culture, notre pays. Et puis le 24 février, les premières vraies explosions. «L’Éternel est mon rocher, ma forteresse, mon libérateur…»(Psaume 18:3) Avec ces premières explosions, ces nouvelles, l’esprit refuse d’y croire. Mais à midi, la guerre est arrivée dans notre ville, dans nos rues. Il fallait d’abord trouver un endroit sûr – pour nous, pour nos enfants, pour le bébé. Nous avons pris la route vers un abri, et en chemin, sous les hélicoptères qui nous survolaient et tiraient, nous avons récupéré nos employés et leurs enfants. Sous nos yeux, des hélicoptères étaient abattus, les explosions illuminaient le ciel, les bombes volaient d’un appareil à l’autre. Mais Dieu a protégé le ciel au-dessus de nous, et il nous a aussi protégés de la peur. Pour les enfants, c’était presque un miracle, jamais ils n’avaient vu autant d’hélicoptères. Notre mission, à mon mari et moi, était de sauver des vies, et de partir vite.
La suite du témoignage sera publiée dans le «Réformés» d’octobre.