Il est vrai que nous passons une bonne part de notre vie et de notre énergie à ne pas regarder la mort en face. Nous faisons comme si nous étions éternels. Nous nous fabriquons des consolations qui font de la mort un mauvais quart d’heure à passer pour « passer » dans «la chambre d’à côté »…

        Par ailleurs nous savons que nous ne pouvons vivre avec tous ces mensonges. La mort rôde constamment autour de nous. Elle ne cesse de briser ou d’altérer les relations qui sont constitutives de ce que nous sommes. Elle est constamment présente dans nos media. Elle est un énorme point d’interrogation. Et si elle représentait l’anéantissement de tout ce que nous sommes ? Comme nous ne le supportons pas nous retournons aux mensonges et artifices décrits dans le paragraphe précédent !

        Comment sortir de ce cercle vicieux où tour à tour nous affirmons et nions la radicalité de la mort ? Je pense qu’un chrétien peut répondre de deux manières complémentaires. 1. En se reconnaissant créature dépendante de son créateur, donc finie et mortelle et non infinie et immortelle… 2. En reconnaissant que si Dieu existe alors c’est Lui et non la mort qui a le dernier en mot sur nos vies. Quant à dire ce que concrètement cela signifie, nous, créatures limitées, ne pouvons le faire. La seule chose que nous puissions dire, c’est que la réalité de la mort, si angoissante soit-elle, ne bouche pas notre avenir. Celui-ci appartient à Dieu, non à nous-mêmes. Ces deux réponses s’avèrent ainsi complémentaires : dans un cas comme dans l’autre, tout découle de la reconnaissance de notre radicale dépendance à l’égard de Dieu: de notre foi.