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Spiritualité et prière

A quoi sert la prière?

Par
Réponse de
Chers répondants, Je me permet de vous poser une question peut-être naïve. Mais à quoi sert la prière? Je peux bien ressentir que je me sens près de Dieu dans les moments de prière. C'est un moment de communion avec Dieu, comme Jésus nous l'a transmis dans les évangiles. Vous me direz c'est déjà beaucoup. Mais lorsque l'on prie chaque soir pour la paix entre le Liban et Israël et que la spirale de la violence continue, que même pire, la dynamique positive du processus de paix semble enterrée, est-il toujours utile de prier? En d'autres termes, Dieu a-t-il vraiment besoin de notre prière pour peser sur ceux qui commandent dans ce monde. La prière joue-t-elle vraiment un rôle dans la volonté de Dieu? Je crois avoir la foi, mais parfois je doute que mes prières soient efficaces dans les choses pour lesquelles nous n'avons que si peu de contrôle. Que voulais-dire Jösus avec la fameuse foi aussi grande qu'une graine de Sénévé? Est-ce-que cela dire que nos prières ne sont pas accomplies car
croyons pas assez?

Merci de m'éclaire sur cette difficile question.

Un grand merci pour le travail merveilleux que vous faites.
Bonjour loge
Je trouve votre analyse de la problématique de la prière tout à fait pertinente.
Comme vous le dites, la prière est avant tout un moment de communion avec Dieu,
un moment où on peut vider son c¶ur et surtout se mettre à l’écoute de Dieu.
Comme l’écrivait le regretté Louis Evely dans  La prière d’un homme moderne Ÿ, ce n’est
pas nous qui prions Dieu, c’est Dieu qui nous prie. La prière qui est un effort
pour inciter Dieu à agir est en fait une prière païenne. Dieu n’a pas besoin
qu’on lui rappelle ses devoirs, c’est lui qui nous rappelle les nôtres. Vous avez raison
de dire que Dieu n’a pas besoin de nos prières pour peser sur ceux qui commandent
le monde.
Personnellement, la seule pertinence de la prière dite  d’intercession Ÿ est
celle de la prière pour des personnes précises que je connais ou dont je connais
le problème. Je ne demande pas à Dieu d’aider ou d’influencer ces personnes.
Il n’a pas besoin qu’on lui fasse la leçon. C’est la force intérieure et la lucidité
que moi je reçois dans ces moments de communion avec Dieu que je crois pouvoir
communiquer à ces personnes, par les voies mystérieuses de la communication
entre les êtres dont je suis sûr qu’elles existent mais que Dieu seul connaît.

Le passage sur la foi grosse comme une graine de moutarde n’est en effet pas
facile à interpréter. Disons tout d’abord que les commentateurs s’accordent
pour dire que Luc 17 :5-6 ne sont pas une parole originale de Jésus, mais une
création de l’évangéliste, ce qui n’enlève d’ailleurs rien à sa valeur. On la retrouve
un peu différente chez Matthieu. Luc, en réponse aux disciples qui demandent
à Jésus:  Ajoute-nous de la foi Ÿ, fait dire à Jésus qu’il n’en faut pas beaucoup
pour obtenir des merveilles. A la manière du Jésus historique, la rhétorique est
ici excessive, telle qu’on l’apprécie en Orient, et que ce qui est nécessaire,
c’est moins un supplément de foi qu’une foi vivante et active.  Vous avez la
foi, mais votre foi ne déracine aucun arbre. Vivante, votre foi qui est obéissance
(Rom 1 :5) devrait se faire elle-même obéir. (Source : François Bovon  L’Evangile
selon saint Luc).