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Jésus

Y a-t-il une seule compréhension de la mort de Jésus pour nous ?

Par
Réponse de
Bonjour! J'ai lu avec intérêt plusieurs réponses de Heinz Birchmeier à des questions portant sur la signification de la mort de Jésus. J'ai eu récemment quelques discussions à ce sujet qui m'ont quelque peu ébranlée... J'ai été éduquée selon le principe que l'homme est pêcheur par nature, que puisque Dieu est amour mais aussi justice, il fallait que quelqu'un paie pour nos péchés et que Jésus s'est sacrifié pour nous, selon la volonté de Dieu. Pour moi, cela a toujours été un signe de l'immense amour de Jésus pour nous et le passage obligé pour recevoir la grâce et le pardon de Dieu... J'ai un peu de peine à comprendre pourquoi c'est si révoltant pour certains, si ce n'est d'admettre que Dieu l'a voulu... Mais s'il ne l'a pas voulu et que c'est arrivé quand même cela me semble pire! Berf, toutes ces idées, un peu nouvelles pour moi, s'emmêlent un peu. Il me semble que si on enlève cet aspect-là, la foi ne tient plus trop debout: Jn3.16 et tous les versets du même style qu'on connaît
ur!

Merci d'avance pour votre réponse...
Votre éducation religieuse était fondée sur un choix dans les diverses
manières que le Nouveau Testament a de dire le sens de la mort de Jésus. Ou
plus exactement elle était fondée sur un mélange de deux manières de dire cette
mort : celle du sacrifice (Rm 3,25) et celle du paiement pour la libération d’un
esclave (droit civil ; ex. : I Pierre 1,18ss.). Avec les expressions issues
du droit pénal (cf. Galates 3,13), toutes ces expressions de la mort de Jésus
manifestent que Jésus s’est  substitué Ÿ à nous en mourant sur la croix. C’est
nous qui devions mourir et il est mort à notre place.
Ce n’est pourtant et de loin pas la seule manière de dire cette mort.
Le texte de Jn 3,16 que vous citez (et qui peut aussi être rapporté à l’incarnation
du Verbe) relit la vie et la mort de Jésus comme l’expression de la volonté
aimante de Dieu (cf. aussi Rm 5,8-10; II Cor 5,19ss. ; I Jn 4,10). La mort de
Jésus peut aussi être relue comme le jugement de Dieu porté sur le péché des
hommes (Rm 8,3; II Cor 5,21). Elle peut encore être comprise comme l’exemple
qui nous est donné d’une mort à nous-mêmes (Gal 2,19; 6,14; Rm 6,6ss.; 7,4ss.; II Cor
5,14; Mc 8,31-35).
Cette pluralité d’expressions néotestamentaires relativise grandement
l’absolu du schéma substitutif qu’on vous a inculqué. Ce qu’on vous a appris
n’est qu’un langage essayant de cerner ce qui a été réalisé  pour nous Ÿ par
le Christ ou par Dieu à la croix. Tout langage qui tentera de cerner ce  pour
nous Ÿ de la croix ne sera jamais qu’un langage parmi d’autres. Certains langages
sont plus parlants pour certaines personnes que d’autres. Pour certains le fait
qu’il faille que quelqu’un paie pour nous libérer de la colère de Dieu est tout
naturel ; d’autres estiment que, dans son amour, Dieu pouvait oublier tout simplement
la dette des humains à son égard et qu’à ce titre il n’était pas indispensable
que Jésus paie pour nous…
Le problème n’est toutefois pas de tolérer le choix langagier d’autres
chrétiens (cela devrait aller de soi en christianisme). Il est de savoir quel
est le langage qui permettra le mieux à nos contemporains de saisir que le Christ
est mort pour nous. Personnellement, je ne pense pas que les langages de la substitution
ou celui du jugement sur le péché de l’homme passent particulièrement bien aujourd’hui.
Par contre je privilégierais le langage de l’amour de Dieu qui devient sur la
croix un  homme sans qualité Ÿ pour me dire que je vaux infiniment à ses yeux
indépendamment de toutes mes qualités ou non-qualités humaines. Je privilégierais
aussi le langage de l’exemple qui m’incite à imiter les dispositions qui étaient
en Jésus qui n’a pas considéré comme une proie à saisir d’être l’égal de Dieu, mais
s’est dessaisi de toute prérogative etc. (Philippiens 2,5ss.).