«Il faut explorer la voie de la guérison spirituelle»

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«Il faut explorer la voie de la guérison spirituelle»

Carole Pirker
24 juin 2019
SANTÉ
Le neurologue français Antoine Sénanque s’appuie sur sa longue expérience clinique pour l’affirmer, on ne peut faire l’impasse ni sur la force du mental ni sur celle de la foi.

Dans son dernier livre Guérir quand c’est impossible, Antoine Sénanque milite pour intégrer aux soins conventionnels la spiritualité laïque, mais aussi religieuse, pour ne plus gâcher de guérisons possibles. Rencontre avec l’auteur qui était de passage au festival Livre à vivre à Crêt-Bérard (VD).

Antoine Sénanque, vous plaidez pour réconcilier médecine et spiritualité. C’est une démarche surprenante pour un neurologue, non?

Vous savez, en 2019, on ne guérit pas des maladies neurologiques comme celles de Parkinson, de la sclérose en plaques ou de Charcot, dont les patients meurent dans les deux à trois ans. J’ai passé des années de médecine sans soigner personne! Face à cet échec, j’ai fait un tour d’horizon des autres voies thérapeutiques. Très vite, il m’est apparu que la plus intéressante à explorer est celle de la guérison spirituelle.

Comment la définissez-vous?

Je distingue deux voies de guérison, l’une profane, l’autre religieuse. C’est une médecine qui fait appel soit aux forces à l’intérieur de votre cerveau que vous pouvez mobiliser, soit aux forces spirituelles ou de croyance. Elle accueille toutes les techniques permettant d’utiliser cette force. Je pense à la méditation ou à l’effet placebo. Il s’agit surtout d’une médecine avec laquelle les chances de guérir sont plus nombreuses et qui est utile pour tout de suite.

Croyez-vous aux guérisons miraculeuses ou inexpliquées?

Oui. J’ai un ressenti de vérité face à elles, je ne peux pas l’expliquer. Prenez le cas du Français Serge Perrin, le 64e miraculé de Lourdes. À 39 ans, il est subitement frappé d’hémiplégie, avec des lésions oculaires et la carotide gauche bouchée. Il se rend à Lourdes et à la suite de l’onction communautaire des malades, il découvre qu’il marche mieux sans ses cannes, qu’il voit mieux sans ses lunettes! Et il part de Lourdes avec l’assurance d’être guéri, ce que confirmeront les médecins.

Comprenez-vous ceux qui n’y croient pas?

Oui, car il est très difficile d’accepter une médecine que vous n’arrivez pas à prouver et dont les effets ne sont pas quantifiables. C’est aussi une médecine extrêmement individuelle, car chacun a sa propre solution spirituelle. On ne pourra pas l’appliquer comme on prescrit des antibiotiques pour une angine.

Est-il possible de faire coexister médecines conventionnelle et spirituelle?

Oui, la médecine spirituelle profane, qui exprime l’action du mental sur le corps avec des résultats scientifiquement prouvés, commence à avoir droit de cité dans le milieu médical. Les hôpitaux accueillent des coupeurs de feu pour le traitement des brûlures accidentelles, et désormais la méditation et l’hypnose. Mais pour la médecine religieuse, qui repose sur la croyance, la porte reste fermée. La religion hérisse le poil des médecins et je trouve cela dommage, car elle a démontré des possibilités fantastiques de guérison.

Antoine Sénanque

Antoine Sénanque

Neurologue français, il publie plusieurs ouvrages en lien avec le monde de la médecine sous ce nom de plume. 

A lire

Guérir quand c’est impossible, d’Antoine Sénanque, 2018, éd. Marabout, 254 p.