Etude d’une aide pécuniaire écologique et sociale

Etude d’une aide pécuniaire écologique et sociale / ©iStock
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Etude d’une aide pécuniaire écologique et sociale
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Etude d’une aide pécuniaire écologique et sociale

Décryptage
Un projet pilote de revenu solidaire devrait être lancé dans le canton de Vaud. Il permettrait à la fois de favoriser une économie plus durable et la réinsertion de bénéficiaires d’aides sociales.

Le contexte

L’entraide protestante suisse (EPER) et la Fondation Zoein ont annoncé fin mai le lancement début 2023 d’un projet pilote de revenu de transition écologique (RTE) dans le canton de Vaud, en collaboration avec les autorités cantonales. Ce concept développé par la philosophe et économiste à l’Université de Lausanne Sophie Swaton, également fondatrice de Zoein, permettrait à la fois l’insertion socioprofessionnelle de bénéficiaires de prestations sociales au moyen d’activités liées à la transition écologique et, d’autre part, de pousser des personnes ayant de tels projets à se lancer.

Concrètement

L’étude de faisabilité, encore en cours, doit identifier les opportunités et les défis pour développer de nouvelles activités dans différents domaines tels que l’alimentation durable, l’économie circulaire*, l’énergie renouvelable, l’habitat, les transports ou la préservation de la biodiversité. Selon le modèle, un soutien monétaire et un accompagnement seront accordés aux personnes qui s’engagent au travers d’une structure démocratique dans l’une ou l’autre de ces activités permettant de décarboner* l’économie et de rendre la société plus résiliente*. «Nous allons nous adresser à deux publics : d’une part, des personnes porteuses de projets qui pourraient, grâce au RTE, se lancer dans un projet professionnel qui fasse sens pour elles, et, d’autre part, des bénéficiaires d’aides sociales qui pourraient, grâce à ce même RTE, viser une réinsertion sociale», résume Céline Lafourcade, chargée de projet à l’EPER.

Financement

Les coûts de l’étude de faisabilité sont pris en charge par l’EPER. Pour le projet pilote et peut-être pour la suite, «l’idée serait d’avoir un financement mixte : public, grâce notamment aux économies réalisées par la réinsertion de personnes bénéficiaires d’aides, et privé, grâce à des entreprises et des philantropes. Cela fait partie des choses que l’étude de faisabilité doit clarifier», explique Céline Lafourcade. «Il s’agit de commencer un projet pilote avec un nombre restreint de personnes, mais en fonction des retours nous pourrions imaginer élargir le champ des bénéficiaires, en restant toujours dans un idéal d’économie sociale et solidaire.»

Fin du travail

Si le RTE vise clairement à redonner un sens au travail des bénéficiaires tout en permettant une évolution de notre société, certains économistes pointent qu’à plus long terme il faudra repenser complètement le lien de notre société au travail. «Il va devenir de plus en plus difficile pour des franges importantes de la population de bénéficier d’un travail qui fournit un salaire stable, correct et sûr», souligne Giuliano Bonoli, professeur à l’Institut de hautes études en administration publique (IDHEAP). «Avec l’arrivée des intelligences artificielles, nous vivons ce que nous appelons la quatrième révolution industrielle. Pour les économistes les plus optimistes, cette révolution, comme les précédentes, va créer suffisamment d’emploi pour garder une forme de stabilité économique. Toutefois, pour les plus pessimistes, c’est le cerveau humain que l’on remplace cette fois: on s’achemine donc vers la fin du travail tel que nous le connaissons. Si l’humain n’a plus besoin de travailler, ou si une proportion importante n’a plus accès au travail, il faut repenser fondamentalement les conditions d’acquisition des revenus», complète Xavier Oberson, professeur de droit fiscal à l’Université de Genève, qui plaide pour sa part en faveur d’un revenu inconditionnel.

A court terme

Reste que le RTE pourrait être mis en place rapidement, contrairement au revenu universel, qui pose davantage de questions de financement (Voir notre supplément web sur la fin du travail : www.reformes.ch/travail). En outre, le RTE permettrait de développer un cadre favorable pour celles et ceux qui souhaitent répondre à l’urgence climatique en s’y engageant professionnellement. Une diversification de notre économie qui permettrait également de la rendre plus résistante pour faire face aux inévitables changements à venir.

*Quelques définitions

Economie circulaire
Production de biens et de services visant une réduction au minimum de la création de déchets. Le partage d’objets, leur réparation et leur conception pour les rendre réparables, le réemploi, la remise à neuf ou le recyclage font partie de l’économie circulaire.

Décarboner
Néologisme désignant la réduction des émissions de CO2 d’une machine ou d’un processus. Le dioxyde de carbone se produit dans de nombreuses réactions de combustion, ce qui en fait l’un des principaux gaz à effet de serre.

Résilience
En physique: capacité d’une matière à absorber l’énergie d’un choc. Transposé à la psychologie, le terme désigne l’aptitude d’une personne à retrouver un équilibre après une épreuve. Pour les collectifs, que ce soient des entreprises ou des populations, il traduit la capacité à s’adapter à un changement brutal : arrivée d’une pandémie, changement climatique, etc.

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