Grégoire de Nysse: Recommencer toujours…

Grégoire de Nysse, mosaïque du 11e siècle au monastère Hosios Loukas à Béotie en Grèce / ©Public domain, Wikimedia Commons
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Grégoire de Nysse, mosaïque du 11e siècle au monastère Hosios Loukas à Béotie en Grèce
©Public domain, Wikimedia Commons

Grégoire de Nysse: Recommencer toujours…

Quête
Quand on cherche Dieu, on n’a jamais fini de le trouver. Il s’agit donc de reprendre inlassablement la quête. Car la joie réside dans ce désir même.
Celui qui court à la rencontre du Seigneur ne s’arrête jamais, allant de commencement en commencement par des commencements qui n’ont jamais de fin.
Grégoire de Nysse, Homélies sur le Cantique des Cantiques (IVe siècle)

Recommencer, c’est souvent le signe d’un échec: on reprend la tâche depuis le début, parce que la tentative précédente n’a pas abouti… Grégoire de Nysse, au IVe siècle, en a une compréhension très différente. Pour lui, recommencer toujours, c’est un élan positif, qui nous anime pour nous approcher inlassablement de Dieu.

Comme l’observe Lisa Cremaschi, moniale de Bose et infatigable traductrice des Pères de l’Eglise, cet élan doit continuellement être revivifié: «Le désir humain n’est jamais comblé sur cette terre, il aspire toujours à autre chose: il faut donc constamment le raviver.» Et, pour cette fine lectrice de Grégoire de Nysse, cette dynamique de constant recommencement ne concerne pas seulement notre rencontre avec le Tout-Autre, que nous ne finissons jamais de connaître, mais aussi nos relations avec les autres personnes: «La connaissance de l’être aimé n’est jamais complète. L’autre est toujours un mystère pour nous. Nous apprenons donc progressivement à nous fréquenter, sans pourtant parvenir jamais à la pleine connaissance de la vérité profonde de l’autre. Dans la pensée de l’évêque de Nysse, cela s’applique d’autant plus à l’Autre par excellence, Dieu, dont nous ne distinguons que des traces.»

Un dialogue balbutiant

Cette idée, Grégoire de Nysse la développe en particulier dans ses Homélies sur le Cantique des Cantiques, où le chant d’amour entre l’amant et l’amante prend les contours d’un dialogue entre Dieu et la personne humaine. Un dialogue qui ne peut que rester balbutiant pour nous, face à l’infini de la bonté de Celui qui toujours nous cherche et nous parle. «D’où la nécessité de le reprendre toujours…» commente soeur Lisa.

C’est que Grégoire est un fin connaisseur de la recherche spirituelle. La tradition ancienne le considère même comme «le plus mystique de tous les mystiques». Il est né vers 335 dans l’actuelle Turquie, dans une famille chrétienne. Dans sa trentaine, alors qu’il entame une carrière d’enseignant, il est élu évêque de Nysse, en Cappadoce. Mais, de l’avis de son frère Basile, lui-même évêque à Césarée, Grégoire est «absolument inexpérimenté dans les affaires de l’Eglise». Il gère pourtant différents dossiers cruciaux pour défendre la foi. Et s’il n’a pas les dons d’un diplomate, il s’affirme en revanche comme un auteur prolifique: sa production s’étend de la philosophie à la théologie, de l’exégèse aux oeuvres spirituelles…

Et dans sa réflexion, il se convainc que «la fin d’une découverte devient le commencement de la découverte de biens plus hauts». Une idée qu’il partage avec bien des auteurs chrétiens anciens. Notamment dans la littérature monastique, où le thème du recommencement de chaque jour apparaît fréquemment. Un Père du désert a ainsi pu dire: «Jusqu’à notre dernier souffle, une voix nous crie: ‹Aujourd’hui, recommence!›» Car c’est «de commencement en commencement» qu’on avance dans la quête, elle-même porteuse de joie.

Basile et les deux Grégoire

On parle d’eux comme des «Pères cappadociens»: ce sont Grégoire de Nysse, son frère aîné, Basile de Césarée, et leur ami d’enfance commun Grégoire de Nazianze. Tous trois évêques en Cappadoce (actuelle Turquie) au IVe siècle, ils ont joué un rôle majeur à leur époque en tant qu’autorité religieuse. Et chacun à sa manière, ils ont aussi manifesté un fort engagement social. Car, comme l’écrit l’évêque de Nysse, «tout n’est pas à nous: il faut donc le partager avec les pauvres, aimés de Dieu autant que nous».

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