Réforme et révolte

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[pas de légende]

Réforme et révolte

David Kneubühler
20 novembre 2023
Sommes-nous prêts à faire des changements en profondeur ou restons-nous juste à faire des actes purement symboliques ? Un billet de David Kneubühler, pasteur de la paroisse de Corgémont-Cortébert, paru dans le Journal du Jura le samedi 18 novembre.

Chaque premier dimanche de novembre, les Eglises réformées célèbrent le dimanche de la Réformation. Il s’agit de rappeler que le moine Martin Luther a écrit et diffusé 95 thèses demandant des changements radicaux dans l’Eglise de son temps.

Les Eglises réformées peuvent puiser force et sens pour aujourd’hui dans le souvenir de la révolte de Luther. Ce n’est pas facile à une époque où l’on parle beaucoup de réformes à mener, au point qu’existe le concept de réformisme. Celui-ci désigne le fait de promettre sans cesse des réformes qui sont soit remises à plus tard, soit qui ne concernent que des détails et non de vrais problèmes. Comme toutes les institutions, les Eglises réformées n’échappent pas à ce risque d’en rester à de beaux discours et à des actes purement symboliques. La révolte de Luther permet aux Eglises réformées de se rappeler qu’elles peuvent agir autrement.

Face au réformisme, se dresse un courant dit abolitionniste, qui souhaite - notamment mais pas uniquement - abolir prisons et polices. Avec cette demande radicale, il interroge notre vision de l’ordre et de la sécurité avec pertinence.

L’Eglise ne peut souhaiter être abolie ni s’abolir elle-même. En revanche, elle peut se souvenir des paroles de Jésus disant qu’il n’est pas venu abolir la Loi mais l’accomplir. S’accomplir pour l’Eglise réformée, c’est aller dans la direction de Luther. C’est dénoncer l’injustice en son sein, qu’elle prenne la forme de structures inadaptées et inadéquates ou de constructions intellectuelles néfastes. C’est dénoncer l’injustice avec l’intention d’améliorer non l’image de l’Eglise réformée, mais son rôle en la remettant au service du plus grand nombre et surtout des plus faibles. Ou pour reprendre les mots de Luther en conclusion de son texte : « Il faut exhorter les chrétiens à s'appliquer à suivre Christ leur chef à travers les peines, la mort et l'enfer, et à entrer au ciel par beaucoup de tribulations plutôt que de se reposer sur la sécurité de la [fausse] paix ».