Genève est le seul canton à ne pas proposer d'enseignement religieux à l'école obligatoire
RECTIFICATION: 2E paragraphe, bien lire "plus de 77% des Suisses appartiennent à une des deux églises historiques, protestante (35,3%) et catholique (42%)."
Face à l'hétérogénéité des classes et la présence de l'islam, devenu la 3e religion de Suisse (4,3% de la population), les cantons optent de plus en plus pour un enseignement interculturel du fait religieux, relève Simone Forster, chercheuse à l'Institut de recherche et de documentation pédagogiques dans un article publié dans le dernier numéro de l'Educateur.
Selon le dernier recensement de la population datant de 2000, plus de 77% des Suisses appartiennent à une des deux églises historiques, protestante (35,3%) et catholique (42%). Près de 11% sont sans appartenance confessionnelle et cette proportion peut même grimper jusqu'à 30% dans les villes. L'appartenance religieuse des migrants bouleverse encore la donne. Quelque 44% sont catholiques, 6% réformés, 7% orthodoxe, 18% islamique et 12% sans confession.
Les débats autour de l'enseignement religieux scolaire sont révélateurs d'un intérêt renouvelé pour la religion dans la sphère publique. Toutefois, on ne peut pas simplement parler d'un retour du religieux, a expliqué Andrea Rota, assistant de recherche auprès de la Chaire de Science des religions de l'Université de Fribourg. Si la religion revient à l'école, elle y est traitée sous un angle nouveau.
Ce regain d'intérêt s'explique aussi par des événements tel que la chute des « Twin Towers » le 11 septembre 2001, qui a remis brutalement la question des religions sur le devant de la scène. Dans la foulée de cet événement, le philosophe français Régis Debray publiait un rapport en 2002, où il souligne la nécessité de donner aux élèves des clés de compréhension du monde actuel et de passer d'une « laïcité d'incompétence » à une « laïcité d'intelligence ».
En Suisse, l'association faîtière des maîtres d'école est montée au créneau en 2008 préconisant le retour de l'étude du fait religieux dans les salles de classes. Les Romands avait précédé l'association nationale en publiant un document sur le même thème en 2004.
Zurich, qui a supprimé l'enseignement religieux pendant quatre ans, l'a réintroduit l'an dernier. Toute dispense pour cette discipline est désormais interdite comme à Berne. En Suisse centrale, les cours classiques d'enseignement biblique ont été remplacés par un nouveau cours éthique et religion. Dans le canton de Lucerne, un enseignement islamique est même proposé dans les villes d'Ebikon et de Kriens.
La Suisse romande a aussi passé de l'enseignement biblique traditionnel à des cours ouverts sur les autres religions. Même Neuchâtel, canton laïc au même titre que Genève, propose l'étude des phénomènes religieux depuis 2003. Genève débat de la question depuis longtemps, mais aucun projet concret ne semble sur le point de déboucher.
Même les plans d'étude romand et alémanique, qui forment le canevas pour un enseignement scolaire davantage unifié en Suisse d'ici 2012, ont intégré un module pour l'étude des religions des deux côtés de la Sarine.
Il reste que les églises ne sont pas toujours heureuses de laisser la place à l'Etat pour s'occuper de l'enseignement religieux dans les écoles, comme c'est le cas au Tessin, a souligné M.Rota. Le canton de Fribourg a pour sa part contourné la difficulté en proposant les deux formules aux enfants. Ceux-ci et leurs familles peuvent choisir les cours proposés par les églises ou ceux davantage orientés sur l'éthique. Des formules mixtes existent aussi en Suisse alémanique.