Les Églises neuchâteloises rattrapées par la crise
7 mai 2009
Les Églises neuchâteloises font face à des difficultés financières récurrentes, aggravées en ces temps de crise
Les trois Églises officiellement reconnues par le canton (l’Église catholique chrétienne, l’Église réformée et l’Église catholique romaine) multiplient les démarches pour solliciter les contributeurs et mieux communiquer sur leurs missions. Elles ne craignent également plus de faire recours aux méthodes du marketing en recherche de fonds et d'aller frapper aux portes des entreprises.« Nous nous faisons rattraper par la crise financière », relève Ludovic Geiser, secrétaire général de l'Église réformée évangélique du canton (EREN). L’EREN avait pourtant réussi à stabiliser ses finances lors des deux derniers exercices. Mais devant les difficultés économiques, les contributeurs risquent vraisemblablement de moins hésiter à économiser sur une contribution « facultative ».
Volontaire dans le canton, la contribution ecclésiastique place les Églises en situation de forte dépendance, contrairement à d'autres cantons où l'impôt d'Église est obligatoire. « Beaucoup de personnes ont de la peine à comprendre que ce n'est pas l'État qui nous finance », relève Cédric Pillonel, attaché de presse de l’Église catholique romaine du canton (ECR).Les effets de la criseAvec la crise, c’est surtout la contribution des entreprises qui révèle sa versatilité, puisqu'elle dépend largement de leur chiffre d'affaires. « Pour l'EREN, nous avons constaté un effritement auprès des personnes morales en 2008 », indique Catherine Lüscher, porte-parole de l'EREN.
Ce sont ainsi environ 500 000 francs que l'EREN a reçu de moins par rapport aux années précédentes, selon nos informations. Le manque à gagner est important lorsque l’on sait qu’en 2007, la contribution ecclésiastique versée par les personnes morales représentait environ le quart du budget total, élevé à neuf millions.
Dans cette situation de dépendance, les Églises souhaitent ne pas être passives et veulent se donner des moyens de réagir. Elles espèrent fidéliser les grands contributeurs parmi les personnes morales et nouer des contacts avec de nouvelles entreprises.
« Nous irons voir des entreprises du canton pour leur expliquer les missions des Églises et leur rappeler notre rôle dans la société », indique Ludovic Geiser. Ce projet est en préparation depuis quelques temps, mais la conjoncture actuelle incite les Églises à ne pas traîner. « Nous accélérons le mouvement », confie Ludovic Geiser.
Et la démarche est originale, car si par le passé des représentants des trois Églises allaient parfois rencontrer ensemble des chefs d'entreprises, c'est désormais un membre de l'une de ces Églises qui ira parler en leur nom commun. « Le besoin d’être efficace nous incite à nous répartir les entreprises à visiter, c’est vrai, mais c’est surtout la marque d’une confiance mutuelle », précise Ludovic Geiser.
C'est aussi que les Églises sont bien forcées de se serrer les coudes sur ce plan. Une entreprise ne peut pas en effet adhérer à une Église en particulier au même titre qu'un citoyen confessant. Une clef de répartition définit donc la part que chacune de ces Églises reçoit au prorata de leurs membres.L’Église catholique puise dans les réservesIl faut dire que même si les Églises du canton sont habituées à devoir batailler contre les difficulter financières, l’actualité économique les inquiète sérieusement, notamment du côté catholique. « La situation est critique », reconnaît Cédric Pillonel.
L’ECR comptabilise en effet un déficit de plusieurs centaines de milliers de francs à son budget 2009. Outre la mauvaise conjoncture actuelle, une harmonisation des salaires au niveau diocésain est en cause, ainsi que d’autres charges. « Nous avons quelques réserves qui nous permettent d’y parer dans l’immédiat », ajoute Cédric Pillonel.
À l'heure où les contribuables reçoivent leurs bordereaux d'impôts, les Églises viennent d'ailleurs de lancer leur nouvelle campagne en faveur de la contribution ecclésiastique (voir encadré). Car le travail et l'existence même de ces Églises en dépendent, puisqu'elle représente la grande majorité de leurs revenus et sert à payer les salaires des pasteurs, prêtres, diacres et laïcs concernés.
Le montant total de la contribution ecclésiastique ne cesse en effet de se réduire d'année en année. Les contributeurs qui versent leur part sont généralement âgés, et le nombre de décès parmi eux est supérieur au nombre de personnes qui s'engagent financièrement. Il s’agit donc pour chaque Église de ne pas laisser ses propres fidèles se désintéresser de leur avenir et leurs missions.L'Église réformée « accompagne » ses contributeursC’est en ce sens que l'EREN poursuit son rapport rapproché aux contributeurs, après avoir entamé des discussions avec les protestants qui ne payaient pas leur contribution ecclésiastique. « Nous avons constaté que le nombre de payements complets de la contribution ecclésiastique a augmenté pour l'EREN, remarque Ludovic Geiser. Ce sont des personnes qui payaient autrefois partiellement et qui payent aujourd'hui l'entier de leur contribution. »
L’accompagnement des contributeurs vise à permettre de conserver l'adhésion à l'institution et de stabiliser les rentrées financières. Les premiers contacts seront effectivement établis cet été, alors que la planification financière de l'EREN sera présentée en juin lors du prochain synode.
Volontaire dans le canton, la contribution ecclésiastique place les Églises en situation de forte dépendance, contrairement à d'autres cantons où l'impôt d'Église est obligatoire. « Beaucoup de personnes ont de la peine à comprendre que ce n'est pas l'État qui nous finance », relève Cédric Pillonel, attaché de presse de l’Église catholique romaine du canton (ECR).Les effets de la criseAvec la crise, c’est surtout la contribution des entreprises qui révèle sa versatilité, puisqu'elle dépend largement de leur chiffre d'affaires. « Pour l'EREN, nous avons constaté un effritement auprès des personnes morales en 2008 », indique Catherine Lüscher, porte-parole de l'EREN.
Ce sont ainsi environ 500 000 francs que l'EREN a reçu de moins par rapport aux années précédentes, selon nos informations. Le manque à gagner est important lorsque l’on sait qu’en 2007, la contribution ecclésiastique versée par les personnes morales représentait environ le quart du budget total, élevé à neuf millions.
Dans cette situation de dépendance, les Églises souhaitent ne pas être passives et veulent se donner des moyens de réagir. Elles espèrent fidéliser les grands contributeurs parmi les personnes morales et nouer des contacts avec de nouvelles entreprises.
« Nous irons voir des entreprises du canton pour leur expliquer les missions des Églises et leur rappeler notre rôle dans la société », indique Ludovic Geiser. Ce projet est en préparation depuis quelques temps, mais la conjoncture actuelle incite les Églises à ne pas traîner. « Nous accélérons le mouvement », confie Ludovic Geiser.
Et la démarche est originale, car si par le passé des représentants des trois Églises allaient parfois rencontrer ensemble des chefs d'entreprises, c'est désormais un membre de l'une de ces Églises qui ira parler en leur nom commun. « Le besoin d’être efficace nous incite à nous répartir les entreprises à visiter, c’est vrai, mais c’est surtout la marque d’une confiance mutuelle », précise Ludovic Geiser.
C'est aussi que les Églises sont bien forcées de se serrer les coudes sur ce plan. Une entreprise ne peut pas en effet adhérer à une Église en particulier au même titre qu'un citoyen confessant. Une clef de répartition définit donc la part que chacune de ces Églises reçoit au prorata de leurs membres.L’Église catholique puise dans les réservesIl faut dire que même si les Églises du canton sont habituées à devoir batailler contre les difficulter financières, l’actualité économique les inquiète sérieusement, notamment du côté catholique. « La situation est critique », reconnaît Cédric Pillonel.
L’ECR comptabilise en effet un déficit de plusieurs centaines de milliers de francs à son budget 2009. Outre la mauvaise conjoncture actuelle, une harmonisation des salaires au niveau diocésain est en cause, ainsi que d’autres charges. « Nous avons quelques réserves qui nous permettent d’y parer dans l’immédiat », ajoute Cédric Pillonel.
À l'heure où les contribuables reçoivent leurs bordereaux d'impôts, les Églises viennent d'ailleurs de lancer leur nouvelle campagne en faveur de la contribution ecclésiastique (voir encadré). Car le travail et l'existence même de ces Églises en dépendent, puisqu'elle représente la grande majorité de leurs revenus et sert à payer les salaires des pasteurs, prêtres, diacres et laïcs concernés.
Le montant total de la contribution ecclésiastique ne cesse en effet de se réduire d'année en année. Les contributeurs qui versent leur part sont généralement âgés, et le nombre de décès parmi eux est supérieur au nombre de personnes qui s'engagent financièrement. Il s’agit donc pour chaque Église de ne pas laisser ses propres fidèles se désintéresser de leur avenir et leurs missions.L'Église réformée « accompagne » ses contributeursC’est en ce sens que l'EREN poursuit son rapport rapproché aux contributeurs, après avoir entamé des discussions avec les protestants qui ne payaient pas leur contribution ecclésiastique. « Nous avons constaté que le nombre de payements complets de la contribution ecclésiastique a augmenté pour l'EREN, remarque Ludovic Geiser. Ce sont des personnes qui payaient autrefois partiellement et qui payent aujourd'hui l'entier de leur contribution. »
L’accompagnement des contributeurs vise à permettre de conserver l'adhésion à l'institution et de stabiliser les rentrées financières. Les premiers contacts seront effectivement établis cet été, alors que la planification financière de l'EREN sera présentée en juin lors du prochain synode.