Les catholiques-chrétiens pourraient retourner dans le giron des catholiques romains

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Les catholiques-chrétiens pourraient retourner dans le giron des catholiques romains

14 septembre 2009
Harald Rein, le nouvel évêque

La plus petite Eglise nationale de Suisse vient de se choisir un nouvel Evêque. Ambitieux, Harald Rein veut augmenter le nombre de ses membres.

Il veut également suivre attentivement le dossier d'un éventuel rapprochement avec l'Eglise catholique romaine. Reste que le chemin est semé d'embûches. Et des grincements de dents se font déjà entendre.

Le prochain Evêque des catholiques-chrétiens de Suisse pourrait passer pour un manager de banque. Il en a les compétences et le look. L'homme, âgé de 52 ans, qui sera consacré 12 septembre à Zurich, n'a pas seulement un doctorat en théologie, mais également une formation post-grade en management et en administration publique. Depuis qu'il est gymnasien, M. Rein a toujours hésité entre ces deux filières: « j'ai opté pour la théologie, mais je n'ai jamais perdu des yeux l'économie ».

Son profil de manager a d'ailleurs failli lui jouer un tour lors de son élection par le synode en juin dernier, car on lui reconnaît davantage des compétences de manager que de guide spirituel: « en me choisissant comme Evêque, ils n'ont pas élu l'homme le plus dévot », plaisante M. Rein. Il passe toutefois la semaine avant sa consécration dans un monastère.

Eloignés des catholiques par leur structure

L'Eglise catholique-chrétienne est la plus petite des trois Eglises nationales de Suisse, aux côtés des catholiques romains et des protestants. Elle compte près de 13'500 membres pour 3 millions de catholiques et 2,56 millions de protestants (Office fédéral de la statistique: recensement 2000). On compte encore 131'900 orthodoxes, 17'900 juifs et près de 310'800 musulmans.

Cette Eglise a été fondée en 1870 en réaction au premier Concile du Vatican, qui a adopté le dogme de l'infaillibilité du pape. Le fait qu'une si petite entité ait été reconnue comme une des trois Eglises nationales en Suisse n'est pas étrangère au conflit politique de l'époque. En plein « Kulturkampf », les radicaux ont fait leur possible pour favoriser l'émergence de catholiques, coupés de l'inféodation romaine.

Les catholiques-chrétiens sont passablement éloignés des catholiques romains dans la structure de leur Eglise. Ils sont organisés démocratiquement avec un synode (parlement), qui élit l'Evêque. Le célibat n'est pas un pré-requis pour être prêtre et les femmes peuvent également être choisies pour remplir cette tâche. Les couples homosexuels sont reconnus. Et avec M. Harald Rein, même un homme divorcé peut accéder à la charge d'Evêque.

Rassembler 20'000 fidèles d'ici 10 ans

Pourtant, cette communauté ne rassemble guère que des têtes blanchies et ne recontre un écho qu'auprès de quelques catholiques romains déçus de leur Eglise. « Nous ne sommes pas suffisamment connus », a expliqué M. Rein.

Sous sa direction, il aimerait que son Eglise s'ouvre davantage: « nous devons grandir ». M. Rein s'est fixé comme objectif de rassembler 20'000 fidèles de tous les âges d'ici 10 ans. Pour atteindre ce but, le nouvel Evêque pense notamment recourir à la publicité, du « jamais vu » pour cette Eglise. Mais « cela ne sert à rien si nous nous limitons à mentionner nos spécificités dans des brochures, nous devons aussi les vivre », a-t-il poursuivi.

Dialogue avec les catholiques romains

Un autre point figure sur la liste du nouvel Evêque: un possible retour des catholiques-chrétiens au sein du giron de l'Eglise catholique romaine. Des discussions ont déjà eu lieu au niveau international entre les deux communautés. Un rapport vient d'ailleurs d'être publié par Rome après un dialogue avec l'Union catholique internationale d'Utrecht: il fixe le rapprochement des deux Eglises comme un objectif théologique à long terme, a précisé à ProstestInfo Maja Weyermann, chargée de communication de l'Eglise catholique-chrétienne de Suisse. « Aucun agenda concret n'a en revanche été adopté », a-t-elle précisé.

En Suisse, après une tentative de dialogue qui n'a pas abouti dans les années 80, des contacts viennent d'être repris avec la Conférence suisse des Evêques, selon M. Rein. Une des pistes serait de faire reconnaître les catholiques-chrétiens comme un diocèse en soi. Cela permettrait de maintenir son statut particulier, impliquant notamment l'ordination des femmes et l'élection de l'Evêque par le synode.