Nigeria: des responsables religieux en appellent à la fin des violences
Le dernier incident en date remonte au lundi 29 août, quand de jeunes chrétiens s'en sont pris à des musulmans réunis pour célébrer le dernier jour du ramadan dans la ville de Jos. Au moins treize personnes ont trouvé la mort, des maisons ont été détruites et des voitures ont été incendiées. Cet événement s'est produit moins d'une semaine après l'attentat suicide à la voiture piégée perpétré par un groupe islamique radical contre le siège des Nations Unies, à Abuja, le 26 août. Il avait causé la mort de 23 personnes et fait de nombreux blessés.
« Nous exhortons les autorités compétentes à prendre des mesures radicales pour porter un coup d'arrêt définitif à cette dérive. Il s'agit de sauver des vies, et des biens durement gagnés », a déclaré le 30 août dans les médias l'archevêque catholique romain Ignatius Ayau Kaigama, du diocèse de Jos. Ce dernier se trouve dans une région du Nigeria située à cheval entre un nord majoritairement musulman et un sud essentiellement chrétien.Cette région est l'un des points de cristallisation des tensions ethniques et sectaires entre les deux religions, dans un pays où 50,4% de la population est musulmane et 48,2% chrétienne. Les Nations Unies estiment que la population totale du Nigeria s'élevait à 154 729 000 habitants en 2009.Qualifiant l'attentat à la bombe contre l'ONU d'« atteinte stupide à la paix et l'unité dans le monde », le pasteur Ayo Oritsejafor, président de l'Association chrétienne du Nigeria, a appelé à renforcer la sécurité pour mettre un frein à la menace croissante du terrorisme. « Il est impensable qu'un groupe de personnes puisse semer la terreur et le chaos dans certaines régions du pays en toute impunité », a déclaré le pasteur Oritsejafor dans un communiqué diffusé le 27 août. « Une vie à aider les autres »Muhammed Sa'ad Abubakar, sultan de l'Etat de Sokoto et leader spirituel de tous les musulmans nigérians, a également condamné l'attentat. Il a précisé que l'islam considère de tels actes comme abominables et a appelé instamment le gouvernement à prendre des mesures plus fermes pour prévenir tout nouvel incident de ce genre.
« Nous condamnons fermement cet acte maléfique. Nous présentons nos condoléances aux familles qui ont perdu des proches et nous compatissons avec les personnes qui ont perdu ce qu'elles possédaient dans cet attentat », a déclaré le sultan dans le Nigerian Tribune le 30 août. Il a par ailleurs appelé les musulmans à veiller à ce qu'on ne les utilise pas comme des « outils » au service d'« objectifs égoïstes ».
Dans le monde entier, des responsables religieux ont exprimé leur sympathie aux Nations Unies. Le pasteur Olav Fykse Tveit, secrétaire général du Conseil œcuménique des Eglises (COE), a souligné que beaucoup des victimes avaient consacré leur vie à aider les autres. « Nous condamnons cet acte insensé de violence perpétré contre des travailleurs innocents de l'ONU et contre la famille onusienne », a écrit le pasteur Tveit dans une lettre datée du 30 août et adressée à Ban Ki-moon, secrétaire général de l'ONU. « Il est à tous égards injustifiable et les personnes qui sont derrière cette attaque devront répondre de leurs actes. »L'attentat perpétré contre le bureau des Nations Unies a été revendiqué par un groupe radical musulman dénommé Boko Haram. Cette organisation, dont le nom signifie « l'éducation occidentale est un péché », s'oppose à « l'occidentalisation du Nigeria » et exige l'application de la charia (la loi islamique). Le président du Nigeria, Goodluck Jonathan, qui est chrétien, a promis des mesures pour contenir la violence. (660 mots-ENI-11-F-0103-JMP)