Les deux Vierges de Raphaël réunies à Dresde
C'est en 1512 que Raphaël, figure clé du milieu artistique pendant la Renaissance, a achevé le tableau intitulé « La Vierge de Foligno », du nom de la ville où s'est trouvée l'œuvre pendant deux siècles. La même année, le pape Jules II commandait à l'artiste la Madone Sixtine. On pense que les deux peintures ont eu une place côte-à-côte dans l'atelier de Raphaël.
Avec l'appui de Benoît XVI, la Vierge de Foligno a quitté les Musées du Vatican pour être exposée aux côtés de son œuvre « sœur », qui fait partie des Collections artistiques d'Etat de Dresde depuis 250 ans. Les experts de l'art affirment qu'il s'agit d'un événement sans précédent, car la Vierge de Foligno ne sort généralement pas du Vatican.
Les organisateurs affirment que l'exposition, intitulée « Splendeur céleste », offre une occasion unique de voir l'évolution de la représentation que fait Raphaël de la Vierge Marie. La Vierge de Foligno est « une œuvre très classique, représentant une scène très terrestre sur laquelle s'ouvrent les cieux pour révéler une vision de la Vierge à l'Enfant », explique le commissaire de l'exposition, Andreas Henning, dans une interview. « Ce qui fait le caractère si unique de la Madone Sixtine, c'est que la terre n'est plus représentée. L'ensemble du tableau est une vision. »
La Madone Sixtine: une des œuvres les plus connues de RaphaëlLa Madone Sixtine est l'une des œuvres les plus connues de Raphaël et l'un des symboles de la ville de Dresde. Un détail du tableau, les deux chérubins espiègles qui observent la Vierge depuis le bas, a fait le tour du monde, reproduit sur des cartes de vœux, des serviettes et des t-shirts.
L'exposition présente également des tableaux sur le même thème réalisés par le maître italien Le Caravage et les peintres allemands Cranach l'Ancien, Albrecht Dürer et Matthias Grünewald. « La Vierge à l'Enfant était le motif le plus peint à la Renaissance », a expliqué Andreas Henning, qui organise l'exposition en collaboration avec Arnold Nesselrath, des Musées du Vatican. « Des artistes nés au nord comme au sud des Alpes se sont efforcés de créer des œuvres uniques dédiées à la Vierge. »
Riches en détails symboliques, des tableaux tels que la Vierge de Stuppach, de Grünewald, montrent que les maîtres du nord avaient une approche qui différait de celle de leurs contemporains italiens. « On ne trouve pas d'interprétation symbolique aussi profonde de la Vierge à l'Enfant au sud des Alpes », a affirmé Andreas Henning. « Raphaël peignait surtout pour les yeux, afin de submerger le spectateur d'émotion face à la beauté de la Vierge. »
Selon Andreas Henning, cette exposition est un succès auprès du grand public et les gens font la queue tous les matins avant l'ouverture du musée. « De voir ces visiteurs qui comparent en silence ces tableaux dans la galerie, cela procure une grande satisfaction », s'est-il réjoui. « Et pour moi, en tant que commissaire d'exposition, c'est un rêve que de pouvoir réunir ces deux tableaux dans une même exposition. » (570 mots-ENI-11-F-0111-JMP)