Huit mois après Fukushima, les évêques catholiques du Japon se prononcent contre le nucléaire
« Tout de suite après le tremblement de terre dévastateur, l’Eglise a bien sûr estimé qu’elle devait exprimer concrètement sa position concernant l'arrêt des centrales nucléaires », a expliqué Noriko Hiruma, une religieuse catholique romaine de l'ordre des Mercédaires missionnaires de Bérriz, dans un courriel adressé au correspondant d’ENInews. La sœur Hiruma travaille au secrétariat du Conseil de Justice et paix du Conseil catholique du Japon.
« Cependant, parce que les croyants comptent un certain nombre d’hommes d’affaires liés à l’industrie nucléaire, parce que les informations sérieuses sur les dangers de la radioactivité sont trop peu nombreuses et trop incertaines et parce que la crise a été ressentie différemment à l’est et à l’ouest du Japon, la confusion s’est installée parmi les évêques », a-t-elle expliqué. « Ils ont passé les six derniers mois à chercher une réaction appropriée. »
Intitulé « Abolissons immédiatement les centrales nucléaires – Face à la tragédie de la catastrophe de la centrale nucléaire de Fukushima I », l'appel des évêques, rendu public le 8 novembre, précise: « Dans le message "Une révérence devant la vie" de 2001, nous, les évêques japonais, n’avions pas pu aller jusqu’à exhorter à l’abolition immédiate des centrales nucléaires. Cependant, après avoir été confrontés à la catastrophe nucléaire de Fukushima, nous avons regretté et nous avons revu nos positions. Aujourd’hui, nous souhaiterions appeler à l'interdiction immédiate de toutes les centrales nucléaires au Japon. »
Dans l'original japonais, cet appel précise que le message de 2001 donnait le cap d'un abandon de l'énergie nucléaire. Les évêques avaient néanmoins affirmé qu'ils se trouvaient « en position de permettre » la poursuite des activités des centrales nucléaires.
« Une expression de repentance »« Pour être précis, toutefois, le message "Une révérence devant la vie" ne permet pas seulement mais appelle à une transition vers les énergies renouvelables », a indiqué la sœur Hiruma. « Cette phrase est en fait une expression de repentance pour avoir pris tant de temps avant de publier le message du 8 novembre. »
Avant de présenter un message, la Conférence épiscopale du Japon doit obtenir l'accord de ses dix-sept membres actifs.Le message des évêques ne peut pas être rendu public si ne serait-ce qu'un seul d'entre eux s'y oppose, souligne la sœur Hiruma.
« Bien que le gouvernement et les entreprises du Japon gardent l'espoir d'exporter leurs réacteurs nucléaires, le message des évêques revêt une importance particulière pour les fidèles catholiques qui travaillent dans les milieux d'affaires », a-t-elle affirmé. « Etant donné que l'Eglise a rendu ce message public, elle devra assumer les risques sociaux de ces fidèles. Je pense que tout ce temps était probablement nécessaire pour que nous soyons prêts à le faire. » (548 mots-ENI-11-F-0150-JMP)