Pour Noël, des juifs et des musulmans canadiens font dans l'humour
La période de Noël peut être aussi amusante pour les religions abrahamiques voisines du christianisme. Après le succès enregistré lors de la création du spectacle l'an dernier dans un espace partagé avec une église catholique à Montréal, la revue a élargi son champ d’action cette année en se présentant à Ottawa le 17 décembre, à Montréal le 21 et à Toronto hier.
En cette période de l’année, juifs et musulmans peuvent mettre en évidence ce qu’ils ont en commun, indique la cofondatrice Eman El-Husseini. Le temps de Noël « est réellement un très bon temps pour nous autres, juifs et musulmans, parce que nous économisons de l’argent et que c’est quelque chose que nos deux communautés aiment particulièrement », explique El-Husseini, qui se fait appeler Eman.
Palestinienne au CanadaMusulmane palestinienne arrivée au Canada en provenance du Koweït en 1990, Eman, basée à Montréal, cite une autre chose que les musulmans partagent avec les juifs: « Nous nous disputons pour savoir quelle est la religion la plus haïe des deux. »
Eman s’est sentie incitée à explorer les points communs entre les musulmans et les juifs depuis qu’elle a noué ses premiers liens d’amitié au Canada avec une jeune juive. « Pendant les vacances de Noël, nous n’avions rien à faire, alors nous allions dans un petit restaurant simplement pour boire un café. »
En grandissant, « au lieu de jouer aux cowboys et aux Indiens, nous jouions aux Israéliens et aux Palestiniens. Elle arrivait et me jetait hors de ma maison. » Ce gag est souvent celui qui fait le plus rire dans le spectacle. « J’essaie de trouver de l’humour dans les choses les plus horribles qui nous arrivent à toutes les deux », explique Eman.
« Sens de l’humour semblables »Dans la revue, les protagonistes juifs sont plus nombreux que les musulmans . « Ce sont les juifs qui ont inventé la comédie humoristique en Amérique du Nord, admet Eman. Mais elle est en plein essor dans la communauté musulmane. » Eman, qui a participé à des spectacles humoristiques en Jordanie et en Israël et mène la revue avec le comique juif Jeff Schouela, affirme qu’elle n’a pas senti de tension dans les auditoires composés de musulmans et de juifs.
En fait, dit-elle, les tensions ont plutôt tendance à se dissiper. « L’année dernière, nous étions un peu en souci. Mais je pense que le titre même du spectacle a incité les gens à venir: ils étaient près de 400. Nos sens de l’humour sont si semblables. »
Eman admet cependant que tout le monde n’est pas ouvert à ce genre d’esprit. « Certaines personnes ne pensent pas qu’il y ait quoi que ce soit d’amusant dans ce qui se passe au Moyen-Orient ou [dans] les relations entre juifs et musulmans; de ce fait, elles ne nous approuvent pas. » Mais ces personnes sont incontestablement une minorité. « Je pense que si vous traitez légèrement une situation dont la gravité est bien réelle, les gens ne peuvent s’empêcher de rire. » (602 mots-ENI-11-F-0163-FN)