Afrique du Sud: l'ANC célèbre son centenaire sans omettre ses racines chrétiennes

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Afrique du Sud: l'ANC célèbre son centenaire sans omettre ses racines chrétiennes

11 janvier 2012
Londres, le 11 janvier (ENInews\Trevor Grundy) – Réaffirmer les racines chrétiennes du Congrès national africain (ANC). L'ambition a teinté les célébrations organisées en Afrique du Sud pour le centenaire du plus célèbre parti politique et mouvement de libération du continent. En décembre, le président Jacob Zuma avait rendu les missionnaires chrétiens du 19e siècle responsables de nombreux problèmes de l'Afrique.


Près d'une quinzaine de chefs d'Etat africains et représentants du monde entier ont fait le déplacement en Afrique du Sud le 8 janvier dernier. Ils ont rendu hommage au mouvement qui est venu à bout du système de ségrégation raciale de l'apartheid. Des centaines de personnes se sont entassées dans l'église wesleyenne de Waaihoek, tout juste rénovée, à Bloemfontein, lieu de naissance de l'ANC. Dans l'église, les sonorités lancinantes de l'hymne national de l'Afrique du Sud, «God Bless Africa» (Dieu bénisse l'Afrique) ont résonné au rythme des battements de pieds, avant que Vukile Mehana, aumônier général de l'ANC, entame un office d'une heure.

Le mouvement a été fondé le 8 janvier 1912 par des pasteurs chrétiens, des avocats, des travailleurs sociaux et des journalistes formés dans les missions. Bloemfontein, ville située à environ 320 km au sud-ouest de Johannesburg, était le centre du pouvoir afrikaner blanc dans un pays dirigé exclusivement par des personnes d'origine européenne jusqu'à l'accession à la présidence de Nelson Mandela, en 1994.

« Ce service s'adresse à toutes les religions présentes. Nous sommes tous une seule famille, celle de l'ANC, nous tous qui sommes de religions différentes », a déclaré Vukile Mehana. Au cours d'une émission de radio diffusée par la South African Broadcasting Corporation (SABC), l'archevêque anglican Desmond Tutu, lauréat du prix Nobel de la paix pour ses efforts de lutte contre l'apartheid, a dit espérer que l'ANC resterait fidèle à ses origines.


Fervents chrétiens à l'origine

Dans une interview par téléphone avec le correspondant d'ENInews, le pasteur Mautji Pataki, secrétaire général du Conseil des Eglises d'Afrique du Sud, a rappelé que « les gens qui, en 1912, ont fondé la Convention nationale des autochtones d'Afrique du Sud [connue après 1923 sous le nom de Congrès national africain], étaient tous chrétiens ».

Il a ajouté: « Le christianisme fait partie intégrante de notre mouvement. Les quatre premiers présidents de l'ANC étaient de fervents chrétiens, dont l'un des plus connus était Oliver Tambo (1917-1993), qui est resté un fervent anglican toute sa vie. »

A l'extérieur de l'église, cependant, le président sud-africain Jacob Zuma a rappelé à ses partisans que les Africains avaient des croyances religieuses bien avant l'arrivée des missionnaires chrétiens, aux 18e et 19e siècles. Jacob Zuma est un chef traditionnel de la région du Natal et un enfant de la jadis puissante nation zoulou, qui, au début du 19e siècle, dominait l'Afrique centrale et australe. Devant l'église, il a présidé au sacrifice d'un taureau noir, dans le cadre d'une « cérémonie de purification et d'action de grâce » menée par des guérisseurs traditionnels, qu'on désigne en Afrique sous le terme de « n'anga ».


Un portrait géant de Nelson Mandela a été installé sur le site. A 93 ans, l'ex-président était trop faible pour participer à la célébration.

Le président Zuma critique

En décembre, le président Zuma a rendu les missionnaires chrétiens du 19e siècle responsables des nombreux problèmes de l'Afrique, affirmant qu'ils ont causé la désagrégation des traditions. « Nous autres Africains, nous avions notre propre manière de faire, et ce bien avant l'arrivée de la religion et de l'Évangile des chrétiens », a-t-il dit.

« Ce n'est pas la première fois que nous entendons le président Zuma critiquer le christianisme », a déclaré le pasteur Pataki au correspondant d'ENInews. « Nous avons d'ailleurs toujours répondu à ces critiques. Aujourd'hui, l'Afrique du Sud est une société laïque disposant d'une magnifique Constitution qui octroie des droits démocratiques à toutes les religions, tous les individus et tous les modes de vie. Néanmoins, nos racines sont chrétiennes et elles affleureront quels que soient nos problèmes actuels. »



M. Pataki a par ailleurs déclaré que le centenaire de l'ANC coïncide avec la mort, à l'âge de 98 ans, d'Ilse Naude, veuve du pasteur Christian Frederick Bayers Naude, théologien afrikaner et militant anti-apartheid décédé en 2004.

 « J'étais présent à ses funérailles le 7 janvier à l'église réformée néerlandaise de Johannesburg. Le Conseil des Eglises d'Afrique du Sud rend hommage à cette grande chrétienne qui a apporté appui et réconfort à son époux à une époque où les Blancs qui soutenaient la lutte des Noirs pour la liberté étaient extrêmement rares et risquaient leur vie à tout instant», a indiqué le pasteur Pataki.



Environ 73% des 50 millions d'habitants de l'Afrique du Sud se considèrent comme chrétiens, tandis qu'à peu près 15% de la population est adepte des religions traditionnelles. (760 mots-ENI-12-F-0001-JMP)