Pour l’économiste Udo Steffens, la crise financière offre une chance à l’Église

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Pour l’économiste Udo Steffens, la crise financière offre une chance à l’Église

4 avril 2013
Francfort-sur-le-Main (epd - ProtestInter) Selon Udo Steffens, président de l’École supérieure de finance et gestion de Francfort, la crise de la dette publique actuelle pourrait donner à l’Église un regain de popularité. La complexité des développements sur les marchés financiers «est une chance pour une nouvelle religiosité, donc aussi pour l’Église», a indiqué le spécialiste de l’économie de 63 ans au mensuel protestant «Chrismon».

Car l’Église réunit des personnes qui ont les mêmes idées, qui cultivent des rites et qui resserrent les rangs dans la crise. «La quête d’orientation est intense, aussi dans l’économie», a souligné Udo Steffens dans un entretien avec le président de l’Église évangélique de Hesse-Nassau Volker Jung sur le thème «Le marché est-il un dieu?».

La quête d’orientation, a averti Volker Jung, ne doit pas être une fuite «vers un système de valeurs prétendument clairement défini». En effet, a expliqué le théologien protestant de 53 ans, «cela peut conduire à vivre dans deux mondes – dans le monde pieux et dans l’autre monde, auquel appartient aussi le marché. On en vient alors à dissocier l’action de l’orientation éthique: j’écoute le sermon dans le monde pieux, mais, dans l’autre monde, je n’agis pas en conséquence.»

Critique du concept de croissance

Le président de l’Église a critiqué l’orientation unilatérale sur la croissance dans l’économie. «Nous exagérons le rôle de la croissance, et cela toujours sur la base d’une grandeur unique, le produit intérieur brut.» À cet égard, on ne se réfère jamais à la qualité, mais toujours et seulement à la quantité de croissance. «Du point de vue quantitatif, l’activité d’une décharge de déchets spéciaux accroît aussi le produit intérieur brut, bien qu’elle soit la conséquence d’une production industrielle toxique.»

Udo Steffens a reproché à Volker Jung de développer ses arguments du point de vue d’une société riche «dans laquelle les besoins essentiels de la plupart des gens sont satisfaits: sécurité, alimentation, santé, logement». Mais l’Église doit reconnaître, selon lui, que la croissance quantitative est aussi la clé de plus de liberté. En même temps, l’économiste a admis que la croissance ne doit pas devenir un «fétiche». Une société doit aussi pouvoir supporter que l’économie se rétracte à l’occasion de cinq à dix pour cent. (FNA-15)