Autodafés de livres organisés par les nazis il y a 80 ans

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Autodafés de livres organisés par les nazis il y a 80 ans

17 mai 2013
Berlin (epd - ProtestInter) À Berlin et dans d’autres villes d’Allemagne, on vient de commémorer les autodafés de livres par les nazis il y a 80 ans le 10 mai 1933. Des œuvres de Bertold Brecht, Erich Kästner et Kurt Tucholsky, mais aussi des écrits scientifiques de Sigmund Freud et Albert Einstein figurent parmi les livres brûlés sous le prétextes d'être «non allemands».

C’est sur l’ancienne place de l’Opéra que les nazis lancèrent, il y a tout juste 80 ans, une campagne d’ampleur nationale lors de laquelle au moins 25 000 livres furent jetés au bûcher. Une «lecture contre l’oubli» a eu lieu sur le principal site où furent brûlés des livres, la place Bebel, en face de l’université.

"Celui qui dort dans la démocratie se réveille dans la dictature"

Lors d’une manifestation commune du souvenir réunissant juifs et chrétiens sur la place Bebel, l’évêque luthérien de Berlin Markus Dröge a appelé son auditoire à se dresser, aujourd’hui aussi, contre l’esprit malfaisant de l’autodafé des livres organisé par les nationaux-socialistes en 1933.

Cet autodafé fut, certes, «un phénomène unique dans sa planification et son exécution», a poursuivi l’évêque Dröge. Mais «l’esprit malfaisant qui l’inspirait existe encore». Avant de rappeler les caricatures brûlées par des musulmans radicaux et les menaces brandies par le prédicateur américain de tendance évangélique fondamentaliste Terry Jones de brûler le Coran.

Le président du Bundestag Norbert Lammert (CDU) a mis en garde contre les conséquences du manque de courage civique dans la société et la science. À Bonn, on a dévoilé un monument commémoratif sur la place du Marché. Le bourgmestre de la ville Jürgen Nimptsch (SPD) a estimé que le monument, cofinancé par l’Église évangélique d’Allemagne, «ne s’était fait que trop attendre». Celui qui dort dans la démocratie se réveille dans la dictature, a-t-il averti

Jan-Hendrik Olbertz, président de l’Université Humboldt, a reconnu qu’à l’époque la haute école s’était comportée d’une manière «qui n’avait rien de glorieux». «L’hostilité à l’égard des intellectuels ne lui fut pas imposée de l’extérieur, mais se manifesta d’elle-même.»

Ingéniosité

Le Centrum Judaicum installé dans la nouvelle synagogue de Berlin propose une exposition montrant comment les bibliothèques, au temps des nazis, s’ingénièrent à récupérer les trésors que constituaient les livres de juifs déportés et assassinés.

À Stuttgart, une exposition a ouvert ses portes à l’hôtel de ville sur le thème «Livres brûlés – écrivains proscrits par les nazis». La «communauté d’action du 10 mai» locale veut ainsi rappeler l’événement et, en même temps, attirer l’attention sur les persécutions qui s’exercent à l’encontre de créateurs culturels aujourd’hui. (FNA-37)