Les onze millions de réfugiés aux Etats-Unis gardent espoir

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Les onze millions de réfugiés aux Etats-Unis gardent espoir

25 juin 2013
Washington (epd - ProtestInter) Le Sénat américain va voter le projet de réforme de la loi sur l’immigration, fin juin. Cette nouvelle loi, soutenue par le président américain Barack Obama, devrait permettre aux onze millions de sans papiers d’obtenir un permis de séjour aux Etats-Unis.

La légalisation de la situation des immigrés clandestins n’est pas seulement un acte d’humanité. Elle répond aussi à un calcul politique. Les Latinos pourraient jouer un rôle décisif dans les élections politiques à l’avenir car ils constituent la minorité qui connaît la plus grande expansion. Aux dernières élections présidentielles, 71 % des électeurs latino-américains et 73 % des électeurs d’origine asiatique ont voté pour Barack Obama. De plus, la loi aiderait certaines branches industrielles à trouver plus de collaborateurs qualifiés.

La situation est délicate: les politiciens conservateurs demandent, en complément à la loi, que la frontière de 3200 km qui sépare les États-Unis du Mexique soit mieux gardée. Mais, un renforcement de la surveillance pourrait provoquer la mort de nombreux migrants, selon les défenseurs des droits humains.

Au cours des cinq dernières années, plus de 900 personnes sont mortes dans le seul État frontalier d’Arizona en tentant de franchir illégalement la frontière entre le Mexique et les États-Unis, selon le Binational Migration Institute, à Tucson. La surveillance pousse les migrants à choisir des voies difficiles et dangereuses pour passer d’un pays à l’autre. Le contrôle des frontières a des conséquences fatales pour beaucoup d'entre eux.

«Néanmoins, l’immigration illégale est en recul depuis quelques années», explique Daniel Martínez de l'Institut de Tucson, en Arizona. Un recul qui est principalement dû au renforcement de la surveillance aux frontières et à la récession économique aux États-Unis.

Les migrants arrivés avant fin 2011

Le projet de loi prévoit que les migrants, arrivés sans papiers valables aux États-Unis, avant fin 2011, peuvent solliciter un permis de séjour. Puis treize ans plus tard, ils pourraient demander la citoyenneté américaine. Mais pour bénéficier de cet accord, les candidats doivent n'avoir subi aucune condamnation, ni dépendre des aides sociales.

«Ce n’est pas si simple», explique Kica Matos, de l’association Center for Community Change: les personnes sans papiers, qui ont vécu dans la clandestinité pendant des années, ont parfois du mal à présenter des documents attestant leur présence aux États-Unis, avant 2011. D’autre part, «le délai d’attente de treize ans pour la naturalisation est beaucoup trop long», estime-t-elle.

De son côté, le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a exigé des «changements importants» au projet de loi, demandant notamment que les dispositions sur la naturalisation soient rendues dépendantes de l’efficacité du renforcement des frontières. Le Parti républicain n’est pas à l’aise face aux questions de l’immigration. Pendant des années, il a milité contre les «illégaux».

Toutefois, sans les voix des citoyens d’origine latino-américaine, il ne sera bientôt plus possible de gagner des élections aux États-Unis. Le sénateur républicain Lindsey Fraham a tiré la sonnette d’alarme en signalant que, du fait de son attitude à l’égard des étrangers, son parti était menacé de s’engager dans une «spirale de la mort» démographique.

(FNA-56)