Des associations chrétiennes aident les femmes à sortir de l’industrie du sexe

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Des associations chrétiennes aident les femmes à sortir de l’industrie du sexe

Bobby Ross Jr.
22 mai 2014
Polly Wright, une ancienne stripteaseuse, a créé une association chrétienne qui vient en aide aux travailleuses du sexe, dans la région de Dallas, aux Etats-Unis. Dans l’aire urbaine Dallas/Fort Worth, les réseaux clandestins de commerce sexuel rapportent plus de 99 millions de dollars, par année.

Photo: Témoignage de soutien pour les travailleuses du sexe

, Colleyville, Rexas – RNS/Protestinter

La fumée, la musique forte et l’odeur de parfum déclenchent des souvenirs désagréables pour Polly Wright. Mais elle les ignore et se dirige, avec un groupe de femmes, vers les loges d’un club de striptease, les bras chargés de sacs remplis de vernis à ongles, de boucles d’oreilles colorées et de petits mots écrits à la main, tels que «Je prie pour vous».

Les sacs contiennent aussi des tubes de brillant à lèvres avec les adresses des endroits où les danseuses peuvent recevoir de l’aide et du soutien. Rien qu’avec un doigt, elles peuvent dissimuler les petits caractères de ces inscriptions, afin que leur proxénète ou un petit ami violent ne les voient pas.

«'Vous êtes aimées, vous avez de la valeur et vous n’êtes pas seules’, voilà ce que nous disons aux femmes», explique l’ancienne stripteaseuse, Polly Wright, fondatrice et directrice exécutive de We Are Cherished (nous sommes adorées), une organisation chrétienne qui est active sur plus de 50 sites de divertissement pour adultes, dans la région de Dallas/Fort Worth.

Des dizaines d’associations aident les femmes

Aux Etats-Unis, des dizaines d’associations similaires, comme Treasures (trésors) à Los Angeles, Jewels (bijoux) à Salt Lake City et Beauty From Ashes (la beauté au-delà des cendres) à Fort Myers, en Floride, offrent un soutien psychologique et une potentielle porte de sortie pour les prostituées et autres travailleuses du sexe. Ces organisations s’associent souvent avec des autorités policières afin d’identifier et d’aider les dizaines de milliers de femmes et d’adolescentes qui se sentent prises au piège dans l’industrie du sexe, un secteur qui génère des millions de dollars de bénéfices, par année.

«J’utilise une maxime pour décrire l’engrenage: facile d’y entrer, difficile d’en sortir», précise le sergent Byron Fassett qui supervise l’unité qui s’occupe du trafic sexuel et des enfants présentant des risques de mauvais traitements, au Département de police de Dallas. «Les femmes ne veulent pas faire ces activités. Elles souhaitent s’en sortir. Mais, elles ne savent pas comment s’y prendre. Elles ont besoin de conseils. Il faut qu’une personne prenne le temps de discuter avec elles, de les aider et d’essayer de leur montrer les alternatives possibles».

Un réseau clandestin très lucratif

Alors que les clubs de striptease sont légaux, une récente enquête, réalisée à la demande du Département de justice des Etats-Unis, a mis en lumière un réel réseau. «Il existe un marché clandestin de commerce sexuel diversifié, organisé et lucratif, qui s’étend bien au-delà du coin de la rue», ont révélé les chercheuses Meredith Dank et Kate Villarreal. Dans la région de Dallas/Fort Worth, ces réseaux illégaux rapportent plus de 99 millions de dollars par année, selon les informations du groupe de recherches de l’Urban Institute, basé à Washington, D.C.

Rien que dans sept des zones urbaines qui ont été étudiées, le commerce sexuel représente une industrie d’un million de dollars. Un salon de massages à Seattle, un service d’escortes haut de gamme à Dallas, une maison close improvisée en Californie ou encore un site internet illicite, voilà ce qu’ont découvert Meredith Dank et Kate Villarreal de l’Urban Institute. Cette étude nationale a été la première a donné une estimation financière de l’économie du sexe dans les villes américaines. Elle a montré également la grande complexité de ce marché, a rapporté Meredith Dank qui a interviewé 260 proxénètes, trafiquants, travailleurs du sexe, pornographes d’enfants et officiers de police.

«Mettre en lumière cette industrie peut motiver les communautés à aider les victimes afin qu’elles puissent s’échapper de ce trafique clandestin», ajoute la chercheuse. «Nous avons besoin de plus de ressources et de davantage de mandats pour appliquer la loi. Pas seulement pour trouver, arrêter et condamner les trafiquants, mais aussi pour fournir des services à ceux qui veulent quitter ce style de vie et qui ont peu d’alternatives».

De l’aide pour plus de 700 femmes

New Friends New Life (nouveaux amis, nouvelle vie), une organisation chrétienne, à but non lucratif, œuvre dans un building au cœur de Dallas. En 2013, cette association a proposé des formations professionnelles, des aides financières provisoires, des soins médicaux et un soutien spirituel à plus de 700 femmes et adolescentes ainsi qu’à leurs enfants. «Ces femmes sont des victimes du commerce sexuel et elles ont pu s’en sortir», explique Katie Pedigo, la responsable de New Friends New Life. L’organisation s’est formée à partir d’une association locale. C’était, il y a 16 ans, alors qu’une femme de l’industrie du sexe avait commencé à s’impliquer dans un groupe d’études bibliques pour les femmes, de la Preston Road Church, à Dallas.

«Nous avons l’impression de le crier sur tous les toits chaque jour: des jeunes américaines sont victimes de trafique sexuel, à chaque coin de rue, à tous les arrêts de bus, dans tous les centres commerciaux des villes. Nous avons besoin d’expliquer la situation et que les gens ouvrent les yeux, ainsi nous pourrons améliorer la situation», explique Katie Pedigo.

Une maison pour partager son histoire

A Colleyville, une banlieue aisée entre Dallas et Fort Worth, l’Eglise baptiste (First Baptist Church) met à disposition une maison de 280 mètres carrés qui sert de siège pour l’association We Are Cherished (nous sommes adorées). Chaque mardi soir, jusqu’à 25 femmes se rencontrent dans ce qu’elles appellent «La maison adorée» (Cherished House) pour partager un repas fait maison et se raconter leur vie. Certaines d'entre elles ont quitté l’industrie du sexe. D’autres y travaillent encore. Quelques une amènent leurs enfants et des baby-sitters sont disponibles. «La maison adorée» comprend également une boutique où les femmes peuvent choisir des tenues neuves ou de seconde main, des chaussures, des sacs à main et des accessoires.

Polly Wright, cette ancienne stripteaseuse qui dirige actuellement l’association, parle par expérience. Elle a vécu des années dans l’excès d’alcool, de drogues et de sexe sans amour, jusqu’à ce qu’elle se convertisse au christianisme après avoir épousé son mari, Rodney, il y a 18 ans. C’est sa belle-mère, Troyce Wright, une baptiste du sud, qui lui a témoigné un amour inconditionnel alors que Polly pensait qu’elle ne le méritait pas. La jeune femme a, d’ailleurs, raconté son histoire dans un livre Cherished: Shattered Innocence, Restored Hope (Aimée: l’innocence brisée, l’espoir retrouvé).

Débuts à Los Angeles

Polly Wright s'est, tout d’abord, formée à Los Angeles dans l’association Treasures (trésors), fondée par l’ancienne danseuse Harmony Dust, auteure de Scars and Stilettos (Cicatrices et stilettos). Les deux femmes partagent le même parcours de vie. «C’est parce qu’elle était prête à affronter son passé, à retourner sur les lieux où elle s’était sentie prisonnière, qu’elle a été en mesure d’apporter de l’espoir aux autres», explique Harmony Dust à propos de Polly Wright. «Elle n’a pas seulement surmonté sa douleur: elle s’en est servie pour se libérer, tout en montrant aux autres le chemin de la liberté».

A 41 ans et mère de jumeaux adolescents, Polly Wright applique les méthodes de Treasures dans son travail avec les femmes qu’elle rencontre dans les club de striptease. «Nous ne demandons jamais aux femmes de quitter le milieu car dès le moment qu’on enlève le choix, on enlève aussi l’amour», explique-t-elle. «Bien sûr que dans mon cœur j’aimerais qu’elles en sortent…et elles le savent toutes. Mais c’est à elles de décider».

Cette attitude a aidé Lynn Stevens, qui a travaillé 17 ans comme danseuse dans un club de Dallas, à trouver une nouvelle voie. Les bénévoles de l’association ont écouté son histoire et lui ont proposé un soutien plutôt que de la réprimander. «Les chrétiens que j’avais rencontrés, dans le passé, m’avaient montrée du doigt et affirmé que j’irais en enfer», confie Lynn Stevens, 45 ans. Elle a désormais quitté le milieu, épousé son amour de lycée et a déménagé à Columbus dans l’Ohio où elle a ouvert une succursale de We Are Cherished.

Pour Polly Wright, la recherche d’une vie meilleure est un travail perpétuel. D’ailleurs, elle bénéficie encore de conseils pour l’aider à surmonter son passé traumatisant, dont des abus sexuels alors qu’elle était enfant. «Je ne dirai jamais: je me sens super bien et je le suis devenue d’un seul coup. C’est encore difficile. C’est une recherche perpétuelle. Dieu m’améliore chaque jour. Et je prie pour qu’il me rende meilleure, pendant toute ma vie, parce que grâce à lui, je me fortifie». (lv)

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