«Jean-Gabriel Cuénod ne pastiche pas la religion, il caricature la cruauté du Suisse moyen»

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«Jean-Gabriel Cuénod ne pastiche pas la religion, il caricature la cruauté du Suisse moyen»

20 juin 2014
Le diacre le plus célèbre de Suisse romande donnera ce vendredi soir 20 juin, à Morges et à guichets fermés, la première représentation de sa cérémonie: «Hosanna! dans la joie». Rencontre avec Didier Charlet qui incarne ce «délégué des émissions religieuses de la RTS».

Propos recueillis par Joël Burri

D’où vient le personnage de Jean-Gabriel Cuénod?

Il est né sur scène lors d’une soirée du groupe d’improvisation AvrAcAvAbrAc, il s’est ensuite étoffé grâce à des apparitions, en 2006 environ, le dimanche soir sur Couleur 3 dans «3615 Couleur3». En 2007, je crois, il est devenu représentant des émissions religieuses dans «120 minutes». Il est ensuite apparu sur La Première dans «La Soupe» ainsi que dans «El Blablo» sur Couleur 3. Et bien sûr dans «120 secondes».

L’inspiration première c’est sa voix. C’est la voix des protestants de l’Eglise de mon quartier. La première fois que je suis sorti avec ça sur scène, cela a fonctionné. Ensuite, le personnage est un mélange du Suisse moyen. On lui a juste ajouté ce côté un peu éthéré. Il est raciste, homophobe, réac, comme l’est la Suisse. En fait, je ne pastiche pas l’Eglise, je place juste cette caricature de Suisse moyen avec sa méchanceté ordinaire dans un univers où justement il ne devrait pas y avoir de place pour la cruauté humaine.

Tout le monde s’y reconnaît. C’est un des secrets de son succès?

Oui, Jean-Gabriel Cuénod traite de questions de fonds qui touchent tout le monde. Les vidéos de «120 secondes» nous montrent que c’est un des personnages qui s’exporte le mieux. Malgré son accent suisse, il traite de questions qui saisissent. Le public s’identifie à lui. Jean-Gabriel est diacre, c’est une fonction qui existe aussi bien chez les catholiques que chez les protestants et personne ne sait exactement en quoi cela consiste. D’ailleurs quand les gens m’en parlent je peux deviner leur confession: les protestants me parlent du pasteur de Chastavel alors que les catholiques me parlent du curé!

Quelles ont été les réactions à l’apparition de ce personnage?

Dès le départ, on m’a dit ça va gueuler! Et en fait, je n’ai pas reçu la moindre lettre. Il faut dire que je fais attention de ne jamais attaquer la foi. La religion en prend pour son grade, mais ce n’est pas la même chose.

Comme je présente Jean-Gabriel à l’antenne comme le représentant des émissions religieuses de la RTS, je m’attendais à avoir au moins un appel des vrais responsables de ces émissions, mais ce n’est jamais arrivé, je ne sais même pas s’ils savent.

Et depuis que j’ai lancé le spectacle, j’ai des retours de personnes croyantes qui sont plutôt positifs. Une grande partie des croyants que je connais aimeraient que leur Eglise se secoue. Certains me donnent même des idées de sujets ou des passages de la Bible que je pourrais utiliser dans l’un ou l’autre des sketches.

Justement, jusqu’à présent comment trouviez-vous les références bibliques que vous utilisez parfois?

Principalement sur internet, parfois en lisant les blogs de certains mouvements religieux.

Pourquoi avoir voulu passer du sketch au spectacle?

Ça s’est un peu imposé quand on a vu le succès du spectacle de Vincent Kucholl et Vincent Veillon basé sur les personnages de «120 secondes». Je crois que la demande du public est là. Mais c’est un exercice très différent. Pour «120 secondes», il fallait qu’il y ait une raison dans l’actualité pour que Jean-Gabriel soit invité. Pour le spectacle, je parle plus de la vie quotidienne de Jean Gabriel. Ma grande difficulté c’est que c’est un personnage que j’ai toujours tenu quelques minutes, pas plus. Là, je dois le tenir pendant une heure. C’est un personnage qui a une énergie de sprinter et là je dois lui faire faire un marathon. On a beaucoup travaillé là-dessus. C’est un sacré défi.

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