L’Église réformée vaudoise passe au vert

Image d'illustration / © iStock/A stockphoto
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L’Église réformée vaudoise passe au vert

13 octobre 2020
Depuis le 4 octobre, la plateforme numérique ecoeglise.ch encourage les communautés religieuses romandes à la transition écologique à coup d’outils et ressources concrètes. Parmi les partenaires, l’Église réformée vaudoise qui fait de la transition écologique et sociale un thème central de la législature.

Ça y est, ça bouge! Depuis le 4 octobre, la plateforme romande ecoeglise.ch est en ligne. Les communautés chrétiennes qui souhaitent passer au vert ont désormais des outils et des ressources pour entamer leur transition écologique. «L’objectif de la plateforme est d’encourager et de sensibiliser les chrétiens à l’urgence climatique», explique Lara-Florine Schmid, coordinatrice technique de la plateforme. Un instrument qui tombe à pic. «La prise de conscience est de plus en plus présente au sein des communautés chrétiennes, mais la transformer en actions concrètes s’avère plus compliqué. La plateforme offre une réponse concrète», ajoute Lara-Florine Schmid.

Il suffit de trois personnes et d’une cotisation annuelle de 200 fr. pour intégrer la plateforme ecoeglise.ch. La communauté pilote passe alors par un éco-diagnostic, basé sur cinq critères: célébrations et enseignements, bâtiments, terrain, engagement local et global, et mode de vie. La Création dans les prédications, la consommation d’énergie des bâtiments, la mobilité, le gaspillage ou la gestion des espaces extérieurs, tout est passé au crible. En fonction de ses réponses, la communauté engrange des points lui permettant d’atteindre le niveau bronze, argent ou or, avec une progression possible. Et en guise de bâton de pèlerin, une batterie de fiches explicatives, d’exemples et d’astuces pour entamer la transition. En adhérant à ecoeglise.ch, les communautés se fixent donc elles-mêmes leurs propres objectifs. En parallèle, les plus assidues peuvent se mettre en quête du label Coq vert, une certification ISO14001. Plus contraignante, la démarche nécessite notamment la mise en place d’un programme environnemental, le suivi de formations et un audit externe.

De quoi voir le «vert» à moitié plein? «Une communauté est "verte" dès lors qu’elle s’interroge sur l’importance de ses actions, qu’elle prend conscience que chacune d’entre elles a un impact sur la Création», définit Lara-Florine Schmid.

Une plateforme qui a fait ses preuves

Inédite, la plateforme ecoeglise.ch ne tombe pas de nulle part. Depuis deux ans, les associations A Rocha et Stop Pauvreté, les œuvres d’entraide Pain pour le prochain et Action de Carême, ainsi qu’œco Église et environnement planchent sur un projet inspiré des initiatives «Église verte» en France et «Eco church» en Grande-Bretagne, qui réunissent aujourd’hui sur leur plateforme respective environ 400 et 2000 communautés engagées.

À l’heure de lancer la plateforme romande, l’Église catholique (VD, GE, NE, JU), le Réseau évangélique suisse et l’Église réformée vaudoise (EERV) ont déjà rejoint l’aventure. Des partenaires qui seront désormais partie prenante des processus décisionnels de cette plateforme évolutive, et apporteront aussi leur pierre financière à l’édifice. L’EERV a déjà posé 10'000 fr. sur la table pour l’année 2020, elle en posera 20'000 de plus pour 2021. Une participation évidente pour cette dernière, qui a décidé de faire de la transition écologique et sociale un thème central de la législature entamée l’an dernier.

Une Église qui s’engage

Sous la houlette du conseiller synodal (exécutif) Emmanuel Jeger, un groupe de pilotage a déjà vu le jour pour déployer une stratégie en lien avec les préoccupations environnementales. «Nous travaillons notamment à la mise en place de notre propre plateforme, afin de réunir, valoriser et mutualiser les lieux actifs dans la transition», explique-t-il.

La plateforme ecoeglise.ch s’inscrit donc dans le plan de transition écologique et sociale de l’EERV. Elle suit la vision de l’institution: s’engager et agir pour la sauvegarde de la Création, autant que la mission: stimuler la responsabilité et mettre en cohérence les structures et activités. Mais la transition, l’EERV la conçoit également comme intérieure, un élément qui manque à la nouvelle plateforme, pour Emmanuel Jeger. «Nous œuvrons pour un changement de comportement. Les gens ont besoin de gestes concrets, mais il ne s’agit pas uniquement de ne plus utiliser des verres en plastique lors des fêtes paroissiales.» Et d’ajouter: «Il s’agit de responsabiliser et non de culpabiliser.»

L’institution engagée

«L’EERV s’engage enfin en tant qu’institution. Une première qui me réjouit autant que cette nouvelle plateforme romande», lâche Sylvain Durgnat, pasteur de l’EERV. En 2007, à la suite d’une formation en écologie et sciences de l’environnement, il devient le délégué du Conseil synodal sur les questions d’environnement, et monte notamment un site de ressources à la disposition des plus motivés. Malgré ses efforts, «lorsque j’ai vu que l’institution avait d’autres priorités, je me suis recentré sur ma paroisse», avoue-t-il. Depuis, à Chavannes-Epenex, un jardin participatif est sorti de terre, les locaux paroissiaux ont revu leur isolation thermique et des nichoirs à martinets colonisés ornent les sous-pentes de l’église. Aujourd’hui, il voit la possibilité de mise en réseau via ecoeglise.ch comme une chance. Tout en espérant que de nouvelles préoccupations, à l’image de questions financières ou de repourvues ministérielles, ne viennent faire de l’ombre aux bonnes volontés de l’exécutif. 

L’absence de geste

Au siège de l’EERV à Lausanne, face à la nécessaire responsabilisation individuelle en réponse à l’urgence climatique, on envisage une participation de la Maison des Cèdres à la démarche ecoeglise. Actuellement, les séances s’y déroulent autour d’une bouteille d’eau minérale. «Nous avons réfléchi à un retour à l’eau du robinet. Pour l’instant, nous n’avons pas mis en place d’écogeste, mais nous devons nous y mettre.»