Rupture sur le terrain de l’inclusivité genevoise

Le Lab et l'Antenne LGBTI se séparent. / IStock
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Le Lab et l'Antenne LGBTI se séparent.
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Rupture sur le terrain de l’inclusivité genevoise

Après cinq ans de vie commune, le Lab et l’Antenne LGBTI de l’Église protestante de Genève se séparent pour poursuivre deux missions distinctes, où l’inclusivité restera une préoccupation centrale.

L’annonce est tombée le 11 mai: «Suite à un grave conflit», surgi au printemps 2020 entre les responsables du Lab et de l’Antenne LGBTI, «et après avoir tout tenté pour le régler», l’Église protestante de Genève (EPG)  informait ses membres engagés avoir pris la décision, durant l’hiver 2020, de séparer ces deux entités.

Or depuis sa création en janvier 2016, l’antenne LGBTI était partie intégrante du ministère jeunesse Le Lab, installé dans le temple de Plainpalais. Créé en son sein, grâce à l’accueil de la pasteure et théologienne Carolina Costa, cette antenne pionnière en matière d’inclusivité avait d’ailleurs largement contribué à asseoir l’identité du Lab en tant qu’Église jeune et inclusive, et ce au-delà même du cercle purement ecclésial.

Besoin d’indépendance et désirs contraires

Désormais cependant, Caroline Costa, pasteure responsable du Lab, et Adrian Stiefel, chargé de ministère sur les questions LGBTI, œuvreront séparément. «Le Lab a servi d’incubateur pour que l’Antenne LGBTI puisse naître», reconnaît Adrian Stiefel. Il ajoute cependant que face au succès rencontré et pour répondre aux différentes requêtes de son audience, il était de toute façon devenu nécessaire «de développer une structure qui soit un véritable bureau cantonal, en direction ade l’entièreté de l’Église mais aussi du secteur associatif et socio-culturel», et qui ne reste donc pas seulement dans le cadre du ministère jeunesse du Lab. «Au fil des années, on a réalisé que les demandes et besoins auxquels on faisait face dépassaient le public jeunesse et ecclésial du Lab», commente-t-il.

Un besoin d’indépendance toujours plus affirmé qui n’a alors pas manqué de créer de fortes tensions entre les deux entités, dont l’identité été jusque-là si intimement liées. Entre divergences de vues et désirs contraires de leurs responsables réciproques, «cette évolution s’est faite dans la douleur, mais elle est surtout à lire comme un mouvement de croissance», résume pour sa part Laurence Mottier, future modératrice de la Compagnie des pasteurs et des diacres et par ailleurs membre de la task force qui a été mise sur pied pour tenter de pacifier les échanges.

Deux missions à déployer distinctement

Après plusieurs mois de tentatives de conciliation, le divorce est cependant apparu comme la meilleure issue. En tant que nouveau secrétaire général adjoint mission (SGAM), le pasteur Emmanuel Rolland a donc été chargé de «trouver une terre d’accueil» pour l’antenne, qui déménage dans les locaux de la Maison de paroisse de Saint-Gervais, de la région paroissiale «Centre-Ville Rive-Droite». Renommée pour l’occasion «Antenne LGBTI Genève», l’antenne se définit dès lors comme bureau cantonal de l’Église protestante de Genève pour les questions LGBTIQ+.

De son côté, Carolina Costa se limite à exprimer que «le LAB est fier d'avoir créée cette première Antenne LGBTI dans l'histoire de notre Église, qui a permis plus d'inclusivité des personnes LGBTIQA+ et de favoriser notamment la décision d'accorder enfin la bénédiction des couples de même sexe en 2019». Mais qu’en est-il de l’identité du Lab suite à cette scission: s’agira-t-il de la redéfinir?

«Le Lab garde son identité telle quelle, soit de répondre à la quête existentielle des nouvelles générations, tout en veillant à rester un lieu 100% inclusif», nous répond Laurent Gilliard, membre du Conseil du Lab. «Le Lab continuera à faire ce qu’il a toujours fait, en étendant sa tranche d’âge désormais de 16 à 45 ans», souligne encore Emmanuel Rolland.