Des responsables religieux africains exigent l'arrêt du trafic d'espèces animales sauvages
Plus de 50 responsables religieux africains ont annoncé leur tout premier partenariat de protection des espèces sauvages avec le WWF et l'Alliance des religions et de la conservation. « Nous voulons nous aussi nous dresser contre les menaces faites à la faune et contre la dégradation de l'environnement », a déclaré le pasteur Patrick Maina, de l'Eglise presbytérienne de l'Afrique de l'Est à l'occasion d'une cérémonie donnée à Nairobi le 21 septembre. « La religion pourrait être la clé pour nous sortir de cette destruction systématique de la faune et de l'environnement. »
Le 20 septembre, les responsables religieux ont effectué un « safari de prière pour la faune » dans le Parc national de Nairobi, où ils ont rendu hommage à tous les animaux tués. Ils ont en outre prié pour les centaines de gardiens de parcs (selon les chiffres du WWF) qui sont morts dans l'exercice de leurs fonctions en Afrique.
Ivoire illégal, 4000 éléphants mortsLes prières interreligieuses ont été dites à proximité d'un four où des responsables politiques kényans ont par deux fois incinéré plusieurs tonnes d'ivoire qui avait été obtenu illégalement. En 2011, le président Mwai Kibaki a mis le feu à une quantité d'ivoire estimée à 16 millions de dollars EU (12 millions d'euros). « Nous nous trouvons au seuil d'une crise en ce qui concerne le trafic d'espèces sauvages », a déclaré Dekila Chungyalpa, directrice du Programme « Terre sacrée » du WWF.
Selon elle, 2011 est l'année où le plus grand nombre d'animaux ont été tués et où les plus grandes quantités d'ivoire ont été saisies. Les saisies représentent 4000 éléphants morts; le braconnage de rhinocéros en Afrique du Sud a quant à lui connu une augmentation de 5000% au cours des cinq dernières années.
« Les gens pensent que le braconnage se fait au niveau local, par des chasseurs des villages, des chasseurs traditionnels, mais c'est loin d'être le cas. C'est un délit commis par des bandes organisées à l'échelle internationale », a-t-elle expliqué. « Nous sommes conscients que ces bandes opèrent entre l'Asie et l'Afrique. Non seulement elles financent le trafic d'espèces sauvages, mais aussi les conflits en Afrique. Elles alimentent la corruption et le délitement des législations. »
Succès commercial asiatiqueEn Chine, au Vietnam et en Thaïlande, la demande d'objets sacrés en ivoire ou en corne de rhinocéros explose. Au Vietnam, il existe une croyance fort répandue qui veut que les cornes de rhinocéros ou les objets faits en cette matière puissent soigner le cancer et les gueules de bois et accroissent les capacités sexuelles, selon Dekila Chungyalpa.
« En Chine, les gens achètent ce qu'ils pensent être de l'ivoire de bonne qualité », a-t-elle indiqué. « Les bouddhistes croient que l'ivoire qu'ils possèdent revêt un caractère sacré, et c'est l'une des raisons pour lesquelles nous appelons les communautés religieuses à nouer le dialogue avec les fidèles et à mener un travail de sensibilisation. Seuls les responsables religieux peuvent dire ce qui est sacré et ce qui ne l'est pas. »
Aux Philippines, les catholiques romains réalisent des crucifix, des effigies de la vierge Marie et d'autres objets sacrés en ivoire, a indiqué l'agence Religion News Service le 18 septembre.
Les responsables religieux africains affirment que c'est la cupidité qui alimente la demande d'objets tirés de l'exploitation des espèces sauvage et non pas tant le besoin d'artefacts religieux. Certains d'entre eux souhaitent que le gouvernement impose un boycott des biens venant des pays de destination du trafic. « Pouvons-nous nous convaincre, pouvons-nous dire à nos gouvernements de boycotter les produits provenant de ces pays, afin que ceux-ci comprennent les enjeux? » a demandé l'imam Iban Kasozi, vice-président de l'Assemblée musulmane des jeunes de l'Ouganda. (680 mots-ENI-12-F-0131-JMP)