Grande-Bretagne : les imams négligeraient la jeune génération de musulmans

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Grande-Bretagne : les imams négligeraient la jeune génération de musulmans

13 janvier 2012
Londres, le 13 janvier (ENInews\Trevor Grundy) – Les imams des mosquées britanniques doivent renouer le dialogue avec leurs jeunes ouailles, tonne un responsable religieux de l'île. Ils n'auraient en particulier pas tendu la main aux musulmans incarcérés, de plus en plus nombreux. Leur recrutement au Moyen-Orient est pointé du doigt.

On ne prêche qu'aux convertis. Pour le cheikh Ibrahim Mogra, président du Comité mosquée et affaires communautaires du Conseil islamique de Grande-Bretagne, le constat vaut aussi pour les imams des mosquées britanniques. Le responsable religieux s’exprimait suite à la publication d’un rapport indiquant que le nombre de musulmans dans les prisons britannique a grimpé en flèche au cours des vingt dernières années.



« Le cocktail de problèmes auxquels les jeunes sont confrontés aujourd’hui – foyers brisés, difficultés liées aux mariages arrangés, drogue, absence de modèle masculin – nécessite une action unie, a affirmé le dignitaire musulman. Mais je suis convaincu qu’un nombre croissant d’imams et de mosquées vont se joindre à cet effort. »



Explosion de musulmans dans les prisons

Ahysham Ali, conseiller musulman auprès du Service pénitentiaire de Sa Majesté, qui gère la majeure partie des prisons d’Angleterre et du Pays de Galles, a déclaré dans un article paru le 10 janvier dans le Times que, en Grande-Bretagne, le nombre de musulmans derrière les barreaux a explosé entre 1991 et 2011, passant de 1957 prisonniers à 10 600.

Les musulmans représentent 12,6% de la population carcérale totale en Angleterre et au Pays de Galles. Dans la population générale, la proportion n’est quant à elle que de 3%.

Ahysham Ali qualifie la situation de « tragédie », montrant du doigt les imams qui n’ont pas tissé de liens avec la population, souvent recrutés dans des pays du Moyen-Orient pour travailler au Royaume-Uni. Beaucoup d’entre eux savent cependant à peine parler l’anglais, déplore-t-il.
« J’ai vu des jeunes – la prochaine génération – qui étaient complètement déconnectés de la religion», a-t-il indiqué. « Cette situation est dangereuse. Elle permet à d’autres d’en profiter, de combler le vide. »



« Endiguer la criminalité et la drogue »

Le cheikh Mogra a dit au correspondant d’ENInews qu’il partageait l'opinion d'Ahysham Ali sur le fait que les imams ne se préoccupent que des rituels religieux. Il semble qu’il soit plus important d’avoir une barbe de la bonne longueur que de rendre les mosquées plus attrayantes aux yeux des jeunes hommes et femmes.

Cependant, a-t-il ajouté, des signes positifs semblent poindre à l’horizon: « Des centaines d’imams et de mosquées ont pris conscience des dangers auxquels les jeunes sont confrontés et prêchent des solutions et des remèdes face à cette situation. Aujourd’hui, ils vont délivrer leur message aux jeunes… Avec l’appui des autorités locales, des projets spécifiques ont été mis en place dans des mosquées, des madrasas [écoles] et des centres islamiques pour endiguer la criminalité et la drogue. » (494 mots-ENI-12-F-0003-JMP)