Les Eglises africaines cherchent un second souffle pour intégrer les personnes handicapées
« L'Eglise a lancé les premières écoles destinées aux personnes handicapées. Elle a joué un rôle de pionnier dans leur assistance. Mais elle n’a pas su passer de l’assistance à l’inclusion », a lancé Samuel Kabue, directeur exécutif du Réseau œcuménique de défense des personnes handicapées, lui-même aveugle.
Jusqu’ici, les Eglises n’ont pas abordé la question de manière exhaustive, ont constaté les participants à une conférence tenue du 6 au 8 décembre à Lukenya, près de Nairobi (Kenya). L’un des objectifs de la conférence était de donner aux responsables ecclésiastiques, aux fonctionnaires et aux représentants d’organisations travaillant pour les personnes handicapées une information sur la Convention des Nations Unies relative aux droits des personnes handicapées.
Le Réseau œcuménique de défense des personnes handicapées, qui fonctionne sous les auspices du Conseil œcuménique des Eglises, s’est fixé pour but d’encourager l’inclusion, la participation et l’engagement actif des personnes handicapées dans les activités spirituelles, sociales et de développement. « Nous nous adressons aujourd’hui aux Eglises pour les sensibiliser à la nécessité de s’engager dans ce type de défense des causes. Nous pensons que dans les Eglises, on en sait très peu sur les droits humains des personnes handicapées », a déclaré Samuel Kabue.
« Le travail des missionnaires étrangers »Considérant l’engagement insuffisant des Eglises face aux problèmes des personnes handicapées, Razaka Manantenasoa, pasteure laïque handicapée de l’Eglise luthérienne à Madagascar, explique que beaucoup voient cela comme le travail des missionnaires étrangers.
« L’Eglise pense que quelque chose a déjà été fait, affirme la pasteure. A mon sens, l’institution estime qu’elle a très peu à faire en ce domaine. Je serais heureuse de voir un changement. » Mme Manantenasoa souligne que les missionnaires à Madagascar ont construit un centre important, qui demeure le seul centre d’aide aux personnes handicapées complètement équipé dans le pays.
Pour le pasteur Balayo Seezi, prêtre handicapé de l’Eglise anglicane d’Ouganda, beaucoup de personnes handicapées n’assistent pas aux services religieux parce qu’il n’y a pas de structures adéquates ni de services qui leur conviennent. « Une personne handicapée peut entrer dans l’église, concède M. Seezi. Mais vous pouvez toujours demander quelles dispositions ont été prises pour qu’une personne en chaise roulante puisse aussi s’avancer vers la table sainte pour prendre la communion avec les autres. »
Prêts de l’Union des aveugles du RwandaMalgré ces difficultés, il y a des éléments positifs, ont estimé certains participants à la conférence de Lukenya. Par exemple, grâce à de petits prêts de l’Union des aveugles du Rwanda (RUB), beaucoup de personnes peuvent se lancer dans des activités génératrices de revenus, et ainsi ne plus dépendre d’aides financières.
« Au début, les membres venaient aux réunions transportés sur des lits, note Donatilla Kanimba, directrice exécutive du RUB. Mais aujourd’hui, avec l’éducation, le soutien et la formation dont ils bénéficient, ils sont en mesure de venir par leurs propres moyens, en s’aidant d’une canne blanche. Notre problème aujourd’hui est que nous ne trouvons pas suffisamment de cannes blanches. »
Au cours des huit années écoulées, le réseau a contribué à mettre en place dans les institutions théologique un large débat sur les questions du handicap qui a permis de développer la sensibilisation à ces questions. A la suite de ces efforts, l’Eglise presbytérienne d’Afrique orientale a récemment ordonné un ministre sourd. (584 mots-ENI-11-F-0158-FN)