Tout être humain peut accéder à une vie spirituelle

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Tout être humain peut accéder à une vie spirituelle

29 septembre 2010
L'Université de Neuchâtel propose depuis la rentrée de cet automne une formation continue en accompagnement spirituel. Une première en Suisse qui rencontre un vif succès. Entretien avec l'initiatrice du projet Lytta Basset, professeure de théologie à l'Université de Neuchâtel.


Propos recueillis par Julien Baumann

Julien Baumann: Comment définir l'accompagnement spirituel ?

Lytta Basset
: Il y a beaucoup de personnes qui ont besoin d'être entendues à propos de ce qu'elles vivent, de trouver des réponses aux questions qui leur posent problème : le sens de la souffrance, l'appréhension de la mort, le passé qui resurgit. Il s'agit finalement de sujets qui concernent Monsieur et Madame Tout-le-monde. Cette formation donne des outils aux professionnels concernés pour faire face à ce type de questionnements.

J. B. : Quel est l'enjeu de cette formation ?


L. T. : J'aimerais permettre aux participants d'y voir plus clair, car c'est un peu la jungle aujourd'hui. Il existe de nombreux types d'accompagnements. Il y a ce que l'on appelle du conseling, il existe des coaches, des personnes qui ont des visées thérapeutiques, etc. Tous ces métiers ont énormément évolué et j'aimerais donner quelques repères. Dans un premier temps, je voudrais définir ce que peut être aujourd'hui l'accompagnement spirituel.

J. B. : Plus de 50 inscriptions pour cette année, cela prouve que la demande est réelle. Comment l'expliquer ?

L. T. : Dans certains milieux médicaux par exemple, on a remarqué qu’un nombre croissant de patients avaient des demandes d'ordre spirituel. Dans les hôpitaux, il existe des appuis psychologiques, mais les questions de sens n'ont souvent pas de lieu pour être exprimées. Le personnel soignant se retrouve parfois emprunté. Dans le domaine médical, la demande d'outils pour pratiquer ce type d'accompagnement est grandissante. Cette tendance est perceptible un peu partout : dans les milieux sociaux, carcéraux, dans les écoles.

J. B. : Faut-il être chrétien pour suivre ce cours ?

L. T. : Pas du tout. Dans les cours que je donne en formation continue, je recherche l'ouverture. Je laisse les participants venir avec leurs propres questions. La formation a bien sûr un enracinement dans la tradition chrétienne, mais dans ce qu'elle a de plus universelle. Je fais en sorte que les participants puissent sentir qu'il s'agit d'un domaine qui touche l'humain en général. Nous n'essayons pas pour autant de cacher notre identité chrétienne.

J. B. : La spiritualité n'est donc pas, selon vous, liée à l'appartenance à une église ?

L. T. : Ce n'est en tout cas pas une nécessité. La spiritualité est inscrite en tout être humain. Il se demande d'où il vient, où il va, pourquoi est-il sur cette terre, quel est le sens de sa présence et de son action ? Je crois que les individus n'ont pas besoin de faire partie d'une Eglise ou d'une religion déterminée pour se poser des questions de sens. Ce sont des interrogations qui sortent du conditionnement métro, boulot, dodo. C'est donc au sens large qu'il faut comprendre la spiritualité dans le cadre de cet enseignement.

J. B. : Comment s'est concrétisé ce projet ?

L. T. : Au départ c'était un intérêt personnel. C'est devenu une matière à part entière des études de théologie pratique à Neuchâtel. Je le proposais aux étudiants de Bachelor et de Master. Au fil des ans, j'ai remarqué l’intérêt grandissant d'un public plus large. Lorsque nous avons proposé de faire une formation spécifique en accompagnement spirituel, les retours ont été encourageants. Aujourd'hui, nous sommes très étonnés de voir le nombre d'inscriptions dans le cadre de ce cursus qui est tout de même exigeant.

J. B. : Vous pensez que c'est une approche qui va se développer ?

L. T. : Fribourg a mis sur pied une formation en éthique et spiritualité. Il y a aujourd'hui une ouverture plus grande face à ce type d'enseignements. Je pense qu'un tel projet aurait été refusé il y a quelques années, en tout cas au niveau universitaire. Le fait que l'Université de Neuchâtel ait appuyé cette démarche et permis sa réalisation reflète un changement de mentalité.

INFOS

La nouvelle formation continue en accompagnement spirituel a débuté le 26 septembre 2010. Le cursus s'étend sur deux semestres et aboutit à un certificat. 10 modules et 5 ateliers sont proposés aux participants. Une vingtaine d'intervenants animent les cours.

La formation s'adresse avant tout aux professionnels qui pratiquent déjà un type d'accompagnement au travers de leur métier (psychiatres, médecins, travailleurs sociaux, responsables des ressources humaines, aumôniers, etc).

L'approche est pluridisciplinaire, alliant psychologie, éthique, philosophie, lecture de textes bibliques et théologie. Les inscriptions pour cette année sont fermées. Une liste de préinscriptions pour le cursus 2011-2012 est déjà disponible.