"3 à 5% de convaincus peuvent tout faire basculer"

Laurence Martin / © Gérard Blanc
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Laurence Martin
© Gérard Blanc

"3 à 5% de convaincus peuvent tout faire basculer"

Come-Back
Elle a eu une carrière associative de près de 30 ans au sein de l’Association vaudoise des parents d’élèves. Alors qu’elle avait «raccroché», Laurence Martin s’est relancée dans le militantisme avec les Grands-parents pour le climat.

« Le ‹virus› de l’engagement m’a repris quand j’ai lu une ‹lettre des petits-enfants du monde aux plus de 60 ans› au sujet du climat. L’initiative avait été lancée par la Revue durable en 2012. S’engager en tant que parent d’élève, c’était déjà le faire pour ses enfants, pour leur rapport à l’école. Je me suis inspirée de cette expérience: les groupes régionaux créés par ‹grands-parents pour le climat› ressemblent à ceux de l’organisation des parents d’élèves. La différence, c’est qu’à l’époque les gens étaient peut-être plus attachés à une structure. Et puis qu’avec des militants âgés, il faut toujours prévoir une relève: à tout moment une personne peut abandonner pour des questions de santé, de maladie, d’accident. Il faut tout simplement être deux pour chaque poste !

Nous avons mille sympathisants et aujourd’hui la difficulté, si l’on peut dire, c’est d’accueillir les nouveaux, on a du mal à suivre tant ils sont nombreux ! On s’appelle ‹grands-parents pour le climat› mais une partie de nos membres ne sont pas grands-parents, ni même âgés, plutôt des gens préoccupés par le sort des générations futures, la justice climatique, la responsabilité intergénérationnelle.

Quand notre mouvement s’est lancé en 2014, nous nous sommes dit que nous n’étions sans doute pas nombreux, mais que nous pouvions faire notre part, la fameuse thèse du ‹colibri›. A force d’agir, avec une certaine exemplarité, nous serions peut-être rejoints par des gens. On sait qu’à un certain stade les choses peuvent tourner, pour qu’une cause ait le dessus. En tant que militante associative, je me disais toujours qu’avoir 10% de réponses, c’était déjà une réussite! J’ai récemment appris que selon l’auteur de Les guerres du climat, Harald Welzer, 3 à 5% de convaincus peuvent tout faire basculer.

Depuis peu, la jeunesse se mobilise beaucoup sur cette thématique et c’est réjouissant! Nous collaborons avec diverses organisations d’étudiants et de jeunes, il y a un réel intérêt de leur part. Nous éprouvons de la joie et du dynamisme, à notre âge, à nous mettre en route ensemble pour une cause juste, en faisant de nouvelles connaissances, en apprenant plein de choses. S’il y a des jeunes avec nous, l’énergie est encore plus belle! A ce stade, notre moteur c’est ça, tenter de changer ensemble, devenir exemplaire, plus que d’avoir un impact chiffré ou mesurable. »