Isabelle Léchot - Pasteure et golden retriever: un duo de choc

Isabelle Léchot, pasteure / © Pierre Bohrer
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Isabelle Léchot, pasteure
© Pierre Bohrer

Isabelle Léchot - Pasteure et golden retriever: un duo de choc

Complicité
La pasteure vaudoise Isabelle Léchot, ancienne soeur protestante de la communauté de Grandchamp (NE), peut compter sur un aide bien particulier dans ses visites aux aînés des institutions du Gros-de-Vaud et de Lausanne.

Difficile de rencontrer Isabelle Léchot sans Noé, son fidèle golden retriever. Cela fait maintenant plus de quatre ans que ce compagnon à quatre pattes accompagne la pasteure vaudoise lors de ses visites dans les établissements médicaux-sociaux (EMS). «Noé est un chien d’éveil qui mobilise des ressources insoupçonnées de la personne», précise la pasteure. Sa relation privilégiée avec les animaux remonte sans doute à son enfance passée dans le village du Jura bernois de La Ferrière : «Petite, j’ai développé un amour de la nature qui ne m’a plus quittée. Dans notre famille, nous avons eu deux chiens», se remémore- t-elle. Elle effectue ses études de théologie à l’université de Neuchâtel. Elle enchaîne sur deux ans d’assistanat, une période durant laquelle elle étudie l’histoire de l’Eglise. Isabelle Léchot ne deviendra toutefois pas pasteure tout de suite. Elle se sent appelée ailleurs.

Vie communautaire

Durant plus de dix-huit ans, elle partagera le quotidien des soeurs de Grandchamp. Cette communauté de soeurs protestantes est établie près du village d'Areuse, au bord du lac de Neuchâtel. «Grandchamp a une vocation d’accueil international, de nombreuses retraites y sont régulièrement organisées», complète la pasteure. Sur place, elle participe aux nombreuses activités qui rythment la vie monastique, une vie qui allie contemplation et travail. Quatre prières ont lieu chaque jour de la semaine et le travail d’accueil occupe une grande partie de la vie des soeurs. La confection de bougies et le travail au jardin restent des tâches qu’Isabelle Léchot, alors soeur Isabelle, affectionnait particulièrement. En travaillant la terre, elle retrouve ce lien avec la nature qui fait l’essence de son être : «On taille, on tire des racines, on forme des buissons… S’occuper d’un jardin, c’est aussi une manière de remettre de l’ordre dans sa vie, de travailler sa terre intérieure. Pour moi, Dieu s'y révèle de manière toute particulière.» Cet intérêt pour la nature, elle le partagera régulièrement avec des personnes venues faire des retraites : «C’est une bonne manière de rejoindre quelqu’un qui prend du temps pour réfléchir à sa vie.» Ce cadre lui a permis notamment un accompagnement de deuil : «Ensemble, nous sommes allés voir les “pleurs” de la vigne à la suite de la taille printanière. Cette expérience a libéré quelque chose chez ce visiteur qui a pu ensuite laisser couler ses larmes, alors qu'auparavant il n'arrivait pas à pleurer

A l'écoute de l'autre

Au fil des rencontres, soeur Isabelle sent qu’elle se doit de développer ses compétences d’écoute et d’accompagnement spirituel. Du jour au lendemain, elle quitte une vie de groupe pour prendre son propre chemin. «La transition n’a pas été facile, mais c’était une étape nécessaire dans mon parcours de vie», explique Isabelle Léchot. Elle effectue deux années comme pasteure suffragante dans les paroisses de l’Église réformée vaudoise. En parallèle, elle entreprend une formation d’aumônière à l’hôpital du CHUV à Lausanne. «Il me semblait important d’être formée en milieu hospitalier, d’en comprendre le vocabulaire et les spécificités», précise-t-elle. Désormais consacrée pasteure au sein de l’Eglise réformée vaudoise, elle effectue aujourd’hui des visites dans douze établissements du Gros-de-Vaud, de Lausanne et de Morges-Aubonne. «Cela exige beaucoup d’organisation et pas mal de souplesse, mais j’avais déjà appris à jongler», complète la pasteure avec un sourire.

Les défis du grand âge

Sur place, elle est souvent confrontée à des personnes en fin de vie, dont les capacités sont parfois fortement diminuées. «Les personnes âgées vont de plus en plus tard en institution, lorsque la situation ne permet plus un maintien à domicile même avec de l’aide», observe Isabelle Léchot. Cette situation particulière oblige la pasteure à adapter son accompagnement : «Les difficultés cognitives nécessitent de pouvoir atteindre la personne d’une manière parfois non verbale.» Cette mission, elle la remplit avec son chien d’éveil, Noé, qui lui donne un bon coup de patte. «L’animal ressent beaucoup de choses. Il pourra par exemple calmer les angoisses d’un résident en allant se coucher à ses pieds. Bien souvent, il donne apaisement et joie. » Ces rencontres sont des moments privilégiés : «Même si certaines personnes semblent sur le déclin, l’essentiel de leur être est toujours présent, il suffit de pouvoir le rejoindre.»

Bio express

1962 Naissance à la Ferrière (BE)

1982-1988 Étude de théologie à la faculté de Neuchâtel

1988-1990 Sœur protestante de la communauté de Grandchamp (NE)

2009-2012 Pasteure suffragant dans la paroisse d'Ormonts-Leysin (VD), formation CPT au CHUV, pasteure suffragant dans la paroisse de Lonay-Préverenges (VD).

Depuis 2012 Pasteure de l'Église évangélique réformée vaudoise (EERV), aumônière dans plusieurs institutions de la région du Gros-de-Vaud et de Lausanne.

Noé, un chien assistant pastoral

Àgé de quatre ans, Noé est un golden retriever qui a suivi une formation de chien visiteur. Cette race d’origine britannique est connue pour son attitude joviale et amicale. Habitué depuis tout petit à circuler dans les EMS, il est rapidement devenu la coqueluche des résidents qui se réjouissent de sa présence.