La Secte Moon, en dessous des radars helvétiques

La Secte Moon est connue pour ses mariages collectifs / Keystone
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La Secte Moon est connue pour ses mariages collectifs
Keystone

La Secte Moon, en dessous des radars helvétiques

Alors que l’enquête sur l’assassinat du premier ministre japonais Shinzo Abe replace la secte Moon sous le feu des projecteurs, qu’en est-il de sa présence en Suisse? Focus.

On la nomme communément «Secte Moon», du nom de son fondateur, le révérend Moon, auto-proclamé nouveau Messie du christianisme à Séoul, en 1954. Fondée sous l’appellation «Église de l’Unification», l’organisation religieuse a par trois fois changé de désignation. Aujourd’hui, elle se nomme officiellement «Fédération des familles pour la paix et l’unification», après s’être baptisée quelque temps «Fédération des Familles pour la Paix mondiale et l’Unité» ou encore «Association pour l’unification du christianisme mondial». Une façon de tromper les radars?

En tout cas, ce qui est sûr, c’est «qu’aujourd’hui, la secte Moon ne fait guère parler d’elle en Suisse», formule Danièle Muller, présidente de l’Association Suisse pour la défense de la famille et de l’individu (ASDFI). Cela n’a cependant pas toujours été le cas, se souvient Me Marc Bonnant, qui a eu l’occasion de plaider contre ses responsables au début des années 1990. À l’époque, l’avocat genevois défend la journaliste Elisabeth Eckert et son informatrice Elisabeth Bates, alors présidente de la «Communauté suisse de travail contre les cultes destructeurs», accusées par le mouvement religieux de propos diffamatoires dans un article publié par le quotidien La Suisse.

Le litige tourne en particulier sur l’affirmation faite par son auteure que les dirigeants de l'Église de l'Unification «poussent leurs adeptes à la prostitution et au suicide». Procès qui s’est terminé par un acquittement pur et simple des accusées, prononcé par la Cour de justice de Genève en 1992.

Fait pour le moins cocasse, à l’époque, c’est un certain Yves Nidegger, actuel conseiller national UDC, qui était le responsable suisse de l’organisation religieuse, qu’il a quittée en 1994. Le regard qu’il porte désormais sur ce mouvement, notamment au vu de son expérience personnelle? Contacté à cet effet, le politicien n’a pas répondu aux sollicitations.

Réseaux importants

De son côté, Me Marc Bonnant se remémore une organisation «bien implantée en Suisse et très combative. Un mouvement d’ailleurs extrêmement bien structuré et qui bénéficie de réseaux importants». Et aujourd’hui? «Malheureusement, nous n'avons pas d'informations sur ce groupe», formule Andrea Mosimann, responsable de section à l’Office fédéral de la statistiques. Et d’expliquer: «Depuis 2010, les données sur les religions proviennent du Relevé Structurelle et de l'Enquête sur la langue, la religion et la culture. Il s'agit dans les deux cas d'enquêtes par sondage, dans lesquelles seule une partie de la population est interrogée. Des informations sur les très petits groupes ne sont donc pas disponibles.»

«En Suisse, cette communauté compterait environ 350 membres», indique pour sa part Anaïs Reichard, chargée d’information au Centre intercantonal d’information sur les croyances (CIC). Et de préciser que si ce chiffre reste stable, «il provient directement de l’organisation», qui possède «quatre lieux de culte en Suisse: à Lausanne, Bienne, Zurich et Lugano». Par ailleurs, le CIC précise qu’il se refuse, comme à sa nouvelle politique, à parler de «secte», le droit suisse ne définissant pas cette notion, se cantonnant à «l’expression "dérives sectaires" qui est utilisée pour qualifier des actes répréhensibles par la loi commis au nom de croyances».

Légitimité trouble

Une minorité négligeable, donc? Pas forcément selon la présidente de l’ASDFI, qui «regrette le statut consultatif octroyé à la Fédération des Femmes pour la Paix dans le monde (ONG fondée en 1992 par l’épouse du révérend Moon, ndlr) auprès du Conseil économique et social (ECOSOC) des Nations Unies (ONU), ce qui quelque part légitimise le groupe…»  En 1995 déjà, le Journal de Genève alertait sur la manœuvre, stipulant que désormais toute «organisation qui défend la paix ou les droits de l’Homme a de bonnes chances d’entrer dans le cercle des organisations non gouvernementales» reconnues par l’ONU.

Un monde de « familles idéales»

Source: CIC

«La Fédération des familles pour la paix et l'unification (anciennement Église de l’Unification), fut fondée à Séoul (Corée du Sud) en 1954 par Sun Myung Moon. Elle se présente comme un mouvement chrétien œuvrant pour la paix dans le monde et l’unification des religions. Sa doctrine s’appuie notamment sur Le Principe Divin, écrit fondateur du révérend Moon, considéré comme le nouveau messie, venu achever avec sa femme, Hak Ja Han, la mission de Jésus. Le couple est regardé par les membres de la fédération comme les «Vrais Parents» de l’humanité, capables de libérer les êtres du péché originel. Tel est le but des célèbres mariages collectifs bénits par Moon: former des familles idéales, délivrées du mal, pour favoriser l’avènement d’un monde nouveau. L’Église de l’Unification est présente partout dans le monde, la majeure partie de ses membres se trouvent en Asie du Sud-Est. Dans le monde, cette Église compterait environ 50’000 membres selon les chiffres du groupe.»

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