Veilleur, où en est la nuit?

Carina Nebula, la montagne mystique capturée par le télescope spatial Hubble. / ©NASA, ESA, and M. Livio and the Hubble 20th Anniversary Team (STScI), Public domain, via Wikimedia Commons
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Carina Nebula, la montagne mystique capturée par le télescope spatial Hubble.
©NASA, ESA, and M. Livio and the Hubble 20th Anniversary Team (STScI), Public domain, via Wikimedia Commons

Veilleur, où en est la nuit?

Claire-Dominique Rapin, pasteure
1 juillet 2021
Réflexion
L’expérience de Jérémie, une espérance pour notre temps.

Au moment de mettre un terme à mon ministère, l’Eglise vit un effondrement. Adrien Candiard, jeune Dominicain français, a publié un livre aux éditions du Cerf qui propose une réflexion originale sur ce que les Eglises traversent: «Veilleur, où en est la nuit?».

L’exemple de Jérémie:

L’auteur s’y interroge sur l’attitude de Jérémie, en -587 à Jérusalem, alors que, face à la menace babylonienne, les gens de la ville prônent une révolte armée contre la présence pesante de l’occupant, pensant que Dieu sera leur allié. Jérémie lui affiche son défaitisme et prêche la soumission au roi de Babylone. Son pessimisme lui donnera raison: Jérusalem tombera et sa population sera déportée. «Avoir la foi, dit Jérémie, ce n’est pas vivre dans un monde enchanté où Dieu réglerait tous nos problèmes: c’est d’abord regarder le monde en face, le mal en face.» Dans l’horreur du siège de Jérusalem, le prophète se met alors à écrire que Dieu va tout recréer à partir de rien. Qu’il faut lui faire confiance, mais seulement en lui.

Le constat:

Notre confiance aujourd’hui est mise à mal de même manière! Nous devons transmettre un monde que nous ne comprenons plus. L’Eglise souffre. Le catéchisme qui était la règle est devenu une exception. On ignore s’il y aura un pasteur pour chaque paroisse. Les grandes fêtes chrétiennes ont été sécularisées. Et que dire de l’échec des croyants à transmettre leur foi aux jeunes? Le théologien de conclure: «Jérusalem est tombée (…) Dieu nous a voulus ici, en ce temps déroutant, où notre misère force son amour à se manifester avec plus de force.»

Notre espérance:

«Jérémie ne reçoit qu’une seule promesse de Dieu: Je serai avec toi». L’espérance en Dieu commence par un don à recevoir, le don que le Christ a fait de sa vie sur la Croix. Un don, signe d’amour, qui me fait entrer dans la vie éternelle, qui n’est pas après la mort. Elle commence aujourd’hui, chaque fois que je vis, témoigne, transmets, à la suite du Christ, dans le don, dans l’amour. Espérer devient donc très concret. C’est croire que Dieu me rend capable de poser des actes et des paroles qui ouvrent une fenêtre sur l’éternité. La croix est au centre de l’espérance chrétienne. Etre en communion avec le crucifié, c’est être dans le don.

Notre action:

Notre Jérusalem s’est écroulée. Ce n’est pas la première fois. Et chaque fois, des veilleurs se sont relayés, non pour se battre contre le monde, mais pour y annoncer et y faire vivre la présence de Dieu. «Veilleur, où en est la nuit?» Esaïe 21, 11.

La conclusion est à Adrien Candiard: «Le monde attend de nous que nous vivions dans l’espérance, c’est-à-dire que nous vivions pour l’éternité, que nous vivions pour ce qui compte vraiment et ne passera jamais.» C’est ce que je vous invite à faire.