Histoire pour consoler Dieu

La maison demeure, l’esprit qui l’habite change. / ©DR
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La maison demeure, l’esprit qui l’habite change.
©DR

Histoire pour consoler Dieu

Véronique Isenmann, écrivain bibliste
28 octobre 2021
Narration
Un récit inspiré des Evangiles.

Le Vieux avait une magnifique demeure entourée d’un jardin paradisiaque où il recevait qui le désirait. Il régalait du meilleur de ses vins, du plus goûteux de ses pains. La maison, toujours pleine, résonnait de bienveillance et de rire. Sentant sa fin prochaine, il a appelé ses enfants. Il leur laissait tout son patrimoine en indivision et leur faisait confiance pour garder à son domaine son bel esprit.

A sa mort, les enfants se sont réparti les tâches pour entretenir l’héritage. Les premières années tout a continué comme avant. Mais il a fallu commencer à faire des travaux. Tout cela demandait beaucoup de moyens. Les enfants puis les petits-enfants se sont chamaillés pour savoir qui prenait les décisions, qui payait, qui avait le droit de décider. Peu à peu l’inquiétude puis la méfiance ont remplacé les rires. Cet héritage indivis peu à peu empoisonnait leur vie. Ils en étaient venus à détester ce lieu qui les enchaînait. Et même un peu le Vieux. Ça aurait pu très mal se terminer.

Un jour, la petite Jeanne est montée au galetas. Elle a soufflé sur la poussière et les toiles d’araignées, à fouiller dans les malles pendant que les adultes une fois de plus se disputaient à propos des impôts qui venaient d’arriver. Tout à coup, ils ont entendu un éclat de rire gigantesque!

Les adultes se sont regardés, abasourdis. Puis Mémé, la fille du Vieux, a esquissé un sourire et murmuré: «Vous vous souvenez ce que disait Papi les soirs d’orage? N’ayez pas peur! Tout va bien se passer, je vais vous chatouiller de bonheur. Et il nous chatouillait de son regard plein de tendresse, de malice. Et on riait, riait, riait…»

Et sa fille d’ajouter: «C’est vrai, maman, j’avais 6 ans, je me souviens vaguement d’une fois où Papi avait invité tous les voisins à venir se réfugier ici et il répétait: ‹Tout va bien se passer, je suis là, je vais vous chatouiller de bonheur!› Et je me souviens de toi, maman, tu as ri tellement qu’on riait de te voir rire d’avoir été chatouillée de bonheur.»

Le rire de Jeanne à nouveau a empoigné l’air de la pièce et les a tous emportés. Les problèmes n’étaient pas réglés. Mais l’esprit du Vieux était retrouvé et le reste n’était plus que formalité ! L’esprit de la demeure était retrouvé.

On m’a dit que la maison est maintenant abandonnée mais que toute la belle-famille dispersée se retrouve une fois l’an pour ne plus oublier et passe son temps à chatouiller le monde entier de bonheur.

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