La Chaux-de-Fonds: La Ville interdit les collectes au Centre funéraire

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La Chaux-de-Fonds: La Ville interdit les collectes au Centre funéraire

11 septembre 2000
Un différent oppose les Eglises officielles neuchâteloises (Eglises réformée, catholique et catholiques chrétiennes) et l’autorité exécutive de la ville
Il a trait aux collectes dans le centre funéraire. Les pasteurs et prêtres estiment que l’offrande (et ils s’appuient sur le fondement même de la liturgie) fait partie intégrante du service religieux. Claudine Stähli-Wolf, conseillère communale responsable du crématoire (innatteignable cette fin de semaine) estime le contraire. Explication.Les Eglises de La Chaux-de-Fonds, à l’instar de l’Eglise réformée (EREN) aimeraient faire la quête lors des services funèbres se déroulant au crématoire. Jusqu’ici, rien d’anormal : en ville de Neuchâtel, la pratique est courante.

A La Chaux-de-Fonds, le colloque des pasteurs, désireux de soutenir financièrement la caisse cantonale de l’EREN, a décidé ce printemps de s’aligner et de placer des troncs, réservés à l’offrande à la sortie de la salle des services funèbres.

Ainsi les pasteurs de la ville estimèrent que la quête faisant partie intégrante (tout comme la prière ou la lecture de la bible) d’un culte funéraire, ils n’avaient pas d’autorisation spéciale à demander.

§Fin de non recevoirLa réaction de l’autorité politique fut presque immédiate. Suite à quelques semaines de collectes, un placard affiché à deux endroits du crématoire demandait aux officiants de cesser cette pratique. Au bas de l’affiche, les célébrants pouvait lire pour signature : « L’administration du centre funéraire ». Ni Phil Baker, modérateur des pasteurs chaux-de-fonniers, ni la présidente du Conseil synodal neuchâtelois, ne furent contactés à l’époque par la direction des travaux publics (TP) pour motiver cette fin de non recevoir. Etonnant.

Ce n’est que lors d’un téléphone qu’il fit plus tard que le Phil Baker (modérateur des pasteurs de la métropole horlogère) a pu demander des éclaircissements. En clair, la conseillère communale popiste Claudine Stähli-Wolf, directrice des TP, considère que l’ensemble du cimetière et des salles funéraires est un lieu laïc. Les Eglises ne peuvent dès lors point y avoir toutes leurs pratiques, sous-entendu : la ville ne désire pas que des offrandes y soit faites (voir encadré).

§Interpellation politiqueLors du dernier conseil général (législatif), l’affaire a pris une tournure plus politique. Les libéraux, ainsi qu’une socialiste (au total dix conseillers généraux) - dont la présidente du consistoire protestant de la métropole horlogère - ont déposé une interpellation qui précise les points suivants :

- Les salles du centre funéraire doivent garder leur caractère neutre et non laïque (...).

- Depuis des décennies la grande majorité des cérémonies est présidée par les pasteurs et prêtres, à la demande des familles endeuillées, sans prosélytisme.

- Dans notre canton, la contribution ecclésiastique est facultative(...), le montant total récolté par celle-ci est en baisse. Les Eglises doivent supprimer des postes pastoraux ou trouver de nouvelles recettes et c’est pour cette raison qu’elles ont décidé de réaliser une collecte dans ce lieu.

La balle est désormais dans les mains de l’exécutif chaux-de-fonnier interpellé. Les parties en présence (Eglise et conseillère communale) devront se rencontrer prochainement pour enfin débattre en direct et trouver un fonctionnement acceptable.

Pour Isabelle Ott-Baechler, présidente de l’Eglise Réformée neuchâteloise, la quête fait bien sûr partie intégrante du culte funéraire. Elle espère vivement que les ecclésiastiques de La Chaux-de-Fonds pourront trouver une entente avec l’autorité politique.

A notre connaissance, un avis de droit officieux donnerait plutôt de l’eau au moulin des Eglises. Une interdiction formelle aurait de la peine à se justifier. On comprend néanmoins que la question soit débattue dans une ville où la question du port du foulard à l’école a déjà été âprement discutée, lors d’un long match de ping-pong (dispute des compétences de décisions entre le département de l’Instruction publique et la commission scolaire de la ville).

Gageons toutefois qu’il y a un pas dans l’interprétation du statut des lieux : les bâtiments scolaires - même si certaines leçons de religions s’y déroulent- ne sont pas connotés religieusement. Un centre funéraire revêt un autre statut, selon l’interprétation et les services que les Eglises y font.