Laïcité et turban sikh en France
7 octobre 2004
En France, depuis la rentrée des classes, neuf jeunes sikhs portant des turbans (moins volumineux que le turban traditionnel) ont été refusés en classe et envoyés en salle de permanence, dans le cadre de la phase de dialogue voulue par la loi sur la laïcité
Cinq ont finalement été admis après avoir accepté de se couvrir d’un simple filet ou d’un tissu très fin. Les quatre lycéens qui n’ont pas renoncé à leur turban sont, eux, en passe d’être accueillis dans des établissements privés. Dès les premiers temps de cette religion monothéiste, le turban a fait partie de la tenue des fidèles, mais aucune prescription n’en régit le port. Au XVIIe siècle, le dixième gourou sikh, Gobind, fonde une fraternité paramilitaire pour résister aux persécutions venues de l’islam et de l’hindouisme. Il instaure alors la règle du khalsa (c’est-à-dire des «purs»), qui impose notamment de ne jamais se couper les cheveux ni la barbe. Le turban n’est pas obligatoire, mais les chevelures atteignent des longueurs telles qu’il est utilisé par tous les sikhs du khalsa (que l’on appelle aussi amritdhari) par souci pratique, et devient un accessoire identitaire. Pourtant, fait peu connu, un certain nombre de sikhs n’ont pas fait leur la règle du gourou Gobind, et sont restés fidèles aux premiers gourous. Parmi ceux-là, que l’on appelle génériquement les sahaj-dhari («tenants de la facilité»), de nombreux hommes portent les cheveux courts et se rasent. D’autres ont été khalsa en Inde et ont abandonné la règle en arrivant dans leur pays d’accueil. Trois millions sur 18 millions de sikhs vivent hors du Pendjab, l’État de l’Inde dont ils sont originaires.