Autour des élections américaines 2Voyage au bout du « pays de Dieu »
14 octobre 2004
En 1988, l'écrivain américain Douglas Kennedy entreprenait un long périple dans le Sud profond, véritable « ceinture de la Bible » des Etats-Unis
Traduit pour la première fois en français, ce portrait au vitriol du fondamentalisme chrétien d’Outre-Atlantique ne laisse pas indifférent.Douglas Kennedy a grandi à New-York, « foyer de laïcité et de scepticisme ironique ». Il tombe donc des nues lorsqu’en 1988, il entend une compatriote, « la quarantaine élégante et aérobiquée », habitante type de la Grande Pomme, lui parler de sa « renaissance spirituelle » et d’une existence transformée « où Dieu s’occupe de tout, avec le premier et le dernier mot ». Selon les sondages, apprend l’écrivain, un quart des Américains a connu cette expérience de naître à nouveau (« Born again ») dans la foi chrétienne, engagement personnel envers le Christ, qui devient maître du destin et du salut. Portraits sans concession Douglas Kennedy n’ignore pas que la première grande colonie des Etats-Unis fut une « théocratie où l’autorité était exercée par une fraction de la communauté dont la piété avait été reconnue ». Il sait également qu’une partie importante des codes moraux pratiquée dans cette terre de colons du XVIIe siècle subsiste dans les Etats-Unis d’aujourd’hui. Cette notion d’une nation « phare dans les ténèbres », d’un pays « béni du ciel et fidèle à Dieu » fonde d’ailleurs chez les Américains le sentiment collectif d’une supériorité morale sur le reste du monde.
L’auteur décide de partir à la découverte de cette « ceinture de la Bible », région du sud des Etats-Unis qui est un véritable terreau du fondamentalisme néo-chrétien et la région favorite des prédicateurs. Un grand rectangle géographique commençant à l’est avec la Floride et la Virginie, s’étendant à l’ouest jusqu’au Tennessee et l’Oklahoma, en passant par le Texas et la Louisiane, qui apparaît à l'écrivain de la côte Est « aussi exotique que la Mauritanie ».
De l’imposante et cosmopolite Miami à l’obscure Hatfield, d’une chaîne chrétienne câblée à un groupe de motards « roulant pour le Fils », d’un mafieux transformé par la foi à des télévangélistes champions du marketing, Douglas Kennedy accumule les rencontres de « convertis », anonymes ou célébrités issus de toutes les couches sociales, partageant la volonté de « mettre Dieu au centre de leur vie ». Sans porter de jugement mais avec un regard volontiers ironique, il évoque ces destins étonnants et parfois un peu effrayants à force d'être habités de certitudes. Mi enquête mi road movie dans la grande tradition des Etats-Unis, "Au Pays de Dieu" dresse avec talent un tableau contrasté, parfois touchant, souvent grinçant, d’une mouvance religieuse polymorphe devenue un véritable phénomène de société. S’avouant souvent incapable de comprendre cette effervescence spirituelle, oscillant entre suspicion et ébahissement, l’auteur ne peut conclure que par une interrogation : « Quand nous n’arrivons plus à trouver un sens à notre existence quotidienne, quand nous reculons devant le champ de mines des relations humaines, n’est-il pas tentant de lever les yeux vers le Ciel ? (…) Toute démarche de la révélation chrétienne n’est-elle pas une quête d’amour éperdue ? » UTILE
Douglas Kennedy, Au Pays de Dieu, éd. Belfond, 2004
L’auteur décide de partir à la découverte de cette « ceinture de la Bible », région du sud des Etats-Unis qui est un véritable terreau du fondamentalisme néo-chrétien et la région favorite des prédicateurs. Un grand rectangle géographique commençant à l’est avec la Floride et la Virginie, s’étendant à l’ouest jusqu’au Tennessee et l’Oklahoma, en passant par le Texas et la Louisiane, qui apparaît à l'écrivain de la côte Est « aussi exotique que la Mauritanie ».
De l’imposante et cosmopolite Miami à l’obscure Hatfield, d’une chaîne chrétienne câblée à un groupe de motards « roulant pour le Fils », d’un mafieux transformé par la foi à des télévangélistes champions du marketing, Douglas Kennedy accumule les rencontres de « convertis », anonymes ou célébrités issus de toutes les couches sociales, partageant la volonté de « mettre Dieu au centre de leur vie ». Sans porter de jugement mais avec un regard volontiers ironique, il évoque ces destins étonnants et parfois un peu effrayants à force d'être habités de certitudes. Mi enquête mi road movie dans la grande tradition des Etats-Unis, "Au Pays de Dieu" dresse avec talent un tableau contrasté, parfois touchant, souvent grinçant, d’une mouvance religieuse polymorphe devenue un véritable phénomène de société. S’avouant souvent incapable de comprendre cette effervescence spirituelle, oscillant entre suspicion et ébahissement, l’auteur ne peut conclure que par une interrogation : « Quand nous n’arrivons plus à trouver un sens à notre existence quotidienne, quand nous reculons devant le champ de mines des relations humaines, n’est-il pas tentant de lever les yeux vers le Ciel ? (…) Toute démarche de la révélation chrétienne n’est-elle pas une quête d’amour éperdue ? » UTILE
Douglas Kennedy, Au Pays de Dieu, éd. Belfond, 2004