France: Sarkozy ne convaint pas les responsables religieux
28 octobre 2004
Le « credo » de Nicolas Sarkozy, exprimé dans son récent livre, "La République, les religions, l'espérance" aux éditions du Cerf, rencontre un accueil poli mais réservé des responsables religieux
Pour Nicolas Sarkozy, la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905 a beaucoup de mérites, mais elle n'est pas un monument inviolable. Ce diagnostic du ministre est approuvé, mais avec nuance et sous condition. Ainsi, l’une des principales propositions du ministre, le financement public du culte musulman, laisse généralement sceptique. Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris et président du Conseil français du culte musulman (CFCM), craint une « politisation accrue » de la communauté, et le „droit de regard“ des administrations publiques. Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, ne verrait aucun inconvénient à ce que l'Etat aide l'islam pour une période de 10 ou 20 ans, et lève l'interdiction de financement public du culte musulman ». Il n'est cependant pas sûr que cette proposition fasse toutefois l'unanimité dans son propre camp. Les juifs aussi préfèrent le statu quo. « La laïcité est un acquis de la République, la condition du progrès de la modernité », affirme notamment Moïse Cohen, président du Consistoire israélite de Paris. L'écho est le même chez les catholiques. Mais tout le monde s’accorde pour reconnaître que l'exercice de la laïcité doit être amélioré. Le grand rabbin de France demande que soit respecté pour les élèves le repos du shabbat. L'épiscopat s'irrite d'attitudes anticatholiques. Quant à la Fédération protestante, elle souhaite un toilettage de l'article 19 de la loi de 1905 qui exige que les recettes des associations cultuelles soient « exclusivement affectées aux besoins du culte », toute action sociale ou humanitaire leur étant ainsi interdite.