Respect et dialogue pour lutter contre les incivilités

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Respect et dialogue pour lutter contre les incivilités

22 novembre 2004
Samedi à Lausanne, deux heures de débats ont permis aux générations de dépasser les idées reçues pour mieux se comprendre
Malheureusement, la minorité de jeunes en marge était aux abonnés absents. Parmi les nombreux rendez-vous proposés dans le cadre de la campagne lausannoise « L’éducation, c’est l’affaire de tous » (lire encadré), la grande salle du Cazard accueillait samedi après-midi une rencontre intergénérationnelle autour de la communication et de la questions des valeurs. Sous l’objectif des caméras de la Télévision de la région lausannoise (TVRL), trois tables rondes - entre jeunes et personnes âgées, professionnels de l’éducation et parents, puis enfin jeunes et policiers – ont permis aux uns et aux autres d’exprimer leurs incompréhensions réciproques, leurs craintes et parfois leurs regrets, aussi.

A propos de regrets, petite déception sans doute inhérente à l’exercice, exprimée depuis le public par l’ancien directeur du collège de l’Elysée: parmi les têtes blondes invitées à cette prise de parole, aucun représentant de cette jeunesse en rupture et en révolte, qui se trouve justement à l’origine des marques d’incivilité les plus visibles et d’un sentiment d’insécurité grandissant auprès des 3e et 4e âges. « Malgré mes efforts, aucun de ceux que j’ai contactés n’a voulu venir », a reconnu le médiateur scolaire Jean-Claude Freymond, membre de la Fondation pour la vie, co-organisatrice de l’événement avec Pro Senectute, l’Ecole des parents, et le groupe de travail oecuménique vaudois.Rester à l’écoute de l’autreSans surprise, les incompréhensions furent donc rares et il se dégagea rapidement un consensus autour de quelques valeurs-clés. Le respect, d’abord, rappelé avec fraîcheur par David à propos de ceux qui ont l’âge d’être ses grands parents : « Ce sont juste des gens comme tout le monde qui sont nés avant nous ». Dans le bus, microcosme qui stigmatise bien des tensions, le premier moyen d’éviter la violence reste le dialogue. Beaucoup de pré adolescents affirment souffrir de l’agressivité de personnes âgées. « Pourtant, si on me dit gentiment de céder ma place, je le fais volontiers », souligne cette jeune fille. « On nous rappelle qu’il faut nous lever, mais on nous dit rarement merci », renchérit son voisin. Pour ne pas se montrer faible, parce qu’ils considèrent cela comme un droit acquis, par peur parfois aussi, de nombreux aînés peinent à ne pas être immédiatement sur la défensive. « Tout fonctionnerait mieux si chacun était à l’écoute de l’autre », remarque en observateur de la discussion le dessinateur Derib, auteur No Limits, une bande dessinée traitant précisément de la violence subie ou provoquée par les jeunes, et servant de support pédagogique dans de nombreuses classes.

Les représentants des milieux éducatifs, quant à eux, ont tenu à rappeler que « la grande majorité des jeunes vont bien » et qu’au-delà d’un look ou d’attitudes agressives, la marginalisation ne représente le plus souvent que quelques années de la vie d’une petite minorité. Bilan plutôt encourageant dans un contexte de durcissement social et économique, avec de plus en plus de familles précarisées. Parents et professionnels ont d’ailleurs insisté sur la nécessité d’un véritable partenariat, d’un espace de dialogue à instaurer ou renforcer. « C’est lorsque la confiance existe que l’on peut affronter les problèmes s’ils se posent. Pas l’inverse », a notamment souligné un éducateur, dénonçant le « mythe du parent démissionnaire autrement que malgré lui ». Du côté des parents justement, fut rappelée la nécessité « de rester à l’écoute de l’enfant, de se montrer attentif aux signaux de détresse ou de dysfonctionnement ». Sans surprise, le racket et la crainte d’attouchements pédophiles figurent au premier rang de leurs inquiétudes en matière de violence.